L'éternel Insatisfait.


Dimanche 15H20, le soleil à lentement fait fondre la neige qui à recouvert le sud de la France. J'attaque ma prévol. Tout est en règle.

Je monte sur l'extrados de l'aile et pénètre dans le cockpit tout éclairé d'or solaire. La verrière se ferme et laisse place à une atmosphère silencieuse. J'organise, classe, range tout les éléments qui vont me servir en vol.

Pompe sur "on", Contact "Both", batterie sur "on", deux injections et un centimètre. J'appuie sur le petit bouton rouge du démarreur, qui lance le lourd ventilateur. Le moteur tourne rond.

Aujourd'hui c'est un vol solo, de Lasbordes à Cahors, qui s'inscrit dans les 10H de vol solo nécessaire à l'obtention d'un PPL(A). Il ne m'en restera plus que 4 à l'issue de ce vol. Frein de parc relâché, les roues tournent et le ventilateur me traine vers le point d'arrêt 34.

Après les vérifications habituelles, j'aligne l'avion sur la "centerline" de la piste 34, le temps d'aligner le conservateur de cap, de vérifier que les actions vitales ont bien été effectué, et je pousse la manette des gaz. La carcasse s'ébranle, et ne tarde pas à quitter le sol.

La ville rose se révèle avec sa robe dorée, mais pas le temps d'apprécier le paysage, je quitte la fréquence de Lasbordes et déjà je passe avec le SIV. Ce sera un vertical du point E, puis un direct vers Cahors.

Le temps passe et les paysages changent petit à petit. Les rayons du soleil n'ont pas suffisamment travaillé à faire fondre la neige, et peu à peu les couleurs chaudes de Toulouse sont remplacées par la couleur blanche. Quel paysage! Dommage que je sois seul pour assister à ce spectacle.

Pas de stress, les points tournants sont là, les estimées bonnes, les conditions idéales. L'atmosphère silencieuse, est assez dérangeante au début, mais le temps la rend agréable. Si il y a quelque chose qui peut surprendre au début, c'est le fait d'être seul dans le cockpit. Pas de bruits, mis à part ceux du moteur, de la radio et du vent qui frappe le pare-brise.

Cahors est là, droit devant la casserole. Je quitte le SIV, pour passer sur la fréquence A/A. La neige est encore présente sur le sol, et alors que j'arrive à la verticale du terrain, j'apperçois que le parking semble gelé. Je continue ma petite inspection: Vent, trafic, piste... Le dernier item de ma vérification portera le coup fatal à mes intentions d'atterrissage. En effet, la piste est humide et les plots de zone de toucher de roues sont recouvert de glace. Je prends donc la décision de ne pas tenter d'atterrir (Un peu trop osé pour un solo, le Canada risque de m'en préparer des jolies à ce sujet), et annule mes intentions d'atterrir.



Le retour se fait avec l'aide du VOR de Gaillac, avec en prime un coucher de soleil magnifique, à faire pâlir tous les romantiques de la planète.
Les estimées sont encore bonnes,et bientôt le point AE se profile à l'horizon... L'humidité de la journée, complique quelque peu le retour, mais rien de bien terrible au vu du plaisir qui m'a été donné... Le pied.
L'atterrissage sur le 34 à Lasbordes ce fait dans le plus grand calme.

L'examen pratique du PPL(A) se profile à l'horizon, et j'ai envie de dire qu'il me tarde.

Du rêve.


Parfois, je rêve de voir apparaitre sur mon compte, un chiffre noir m'annonçant que la paye vient de tomber...
J'ai de plus en plus de mal à joindre les deux bout, l'argent vient cruellement à manquer et les restrictions poussent les unes après les autres...

J'en suis à la 5ème heure de vol solo, et j'ai terminé ma première petite navigation, qui était constituée d'un aller-retour sur Castres.
Une petite heure de pur bonheur, cette sensation unique d'être seul dans un monde, d'être libre. Après tout, voler est le rêve de l'Homme, alors j'ai réalisé un de mes rêves... Sortez le champagne.

Voici comment je vois la suite, tout d'abord, il est important pour moi de bien finir ma formation à l'ENAC, et de trouver un stage qui m'apporte vraiment, pour cela je vise un stage en tant que LoadMaster, tout simplement car c'est un des boulots qui se rapproche le plus de la ligne. Ce serait donc un très bon aperçu de ce qui va constituer mon futur métier.
Il faut aussi que je prépare ma longue navigation Solo, et j'ai déjà commencé à penser à un Lasbordes-Cahors- Brive. La aussi il y a un gros morceau, mais je suis fin prêt pour ce grand moment. A vrai dire je pense que la satisfaction au retour de cette grande navigation sera plus forte que celle du premier lâcher solo. Au tout du moins très différente.
Viendra ensuite le pré-test PPL, puis le test final. J'espère avoir fini tout ça à la fin du mois de Janvier...

Pour la suite à long terme, c'est toujours la même chose: Le Canada, et plus exactement Winnipeg. Mais la route est encore longue, et il devient difficile de se projeter quand on voit l'état du monde actuel.
Un chose est sûre, si mes fesses ne touchent pas le siège d'un cockpit, et que ma main ne se pose pas sur un SideStick, alors ma vie n'en sera que plus indécise. En quelques mots, sans avions, je meurs, et malheureusement, cette chose est la seule chose sûre dans ce monde.

Roulette Russe.


En ce moment, ma vie est un peu à l'image du jeu de la roulette Russe.

Ne serait-ce que au niveau des amis, certains tendent à disparaitre, plus préoccupés par les histoires courantes qui peuvent affecter la vie d'un Homme (chose somme toute compréhensible, et normale).
D'autres quand à eux restent fidèles, comme des piliers dans ta vie, peu importe le jour et l'heure, ils seront là.
Enfin certains apparaissent, et s'intègre agréablement dans ta vie, en te montrant que eux aussi le jour où ta vie foire, ils te tireront vers le haut...

FD on, HDG Sel, ALT hold, Autopilot.

Assis sur le siège confortable du Alsim50 de l'ENAC, je viens de décoller de la 21 à Limoges. Vario positif, train rentré. Le temps est agréable, et la température fraiche, avec seulement 15°C. La procédure BALAN2W, qui nous amène à tourner au 317 dès qu'on passe les 1700 pieds, en vue d'une interception de la radiale 001° du VOR de LMG. Je stoppe la montée à 5000 pieds, et le TB20 fend l'air à 140 kt.

Je règle l'ADF sur 420, et l'identifiant du Locator LOE se met à résonner dans la salle. Mon camarade jouant le rôle du bourreau, m'envoie une couche de brouillard s'arrêtant juste sous la carlingue de l'avion.
On prévoit d'un commun accord de faire un holding sur LOE, mon premier sur un simulateur FNPTII. J'amorce donc une descente vers 4000 pieds à 500ft/min. LOE passe sous nos pieds, et je tente, tant bien que mal, de me mettre en position pour "stacker". J'ai un gros trou noir, pour tout ce qui concerne les procédures d'entrées dans un "stack". On stacke à 140kt, 4000ft, avec des branches de 1 minute.

1 tour puis je me lance dans une approche ILS, sur la 21 à Limoges, le TB20 plonge dans la couche blanche, et il est l'heure pour moi de comparer les distance DME avec les altitudes. Train sorti avec 3 vertes, plein volet, 80 kt. Je fend la couche, me rapprochant lentement de ce seuil qui reste invisible.

1675ft, la piste saute aux yeux, 200ft plus bas, on m'annonce "minimum" et je lance "Piste en vue, on continu". Je déconnecte le PA, et fini l'approche en visuel. Le touché est un peu dur, mais comme on dit chez nous " Posé, pas cassé..."

Finalement, c'est à ce moment là que tu te dis que les approches ILS, et tout ce qui tourne autour de ça, c'est un peu comme les amis, c'est le jeu de la roulette Russe.

Le point après 1 mois.


Le temps que j'ai eu ces derniers jours ne m'a pas permis de tapoter sur le clavier de mon PC.

Il y a deux semaines, j'ai reçu dans la boite aux lettres, une large enveloppe estampillée DGAC( Djack pour les intimes...) .
Je m'empresse de monter les 4 étages, d'ouvrir la porte de l'appartement. Je sors une feuille A4 où est imprimé, à l'encre noire les résultats du test théorique du PPL. Mes yeux lisent en diagonale, et arrivent au tableau récapitulatif des résultats: 5/5 pour les modules... Mission accomplie.

C'est ce genre de résultat qu'il te faut espérer avoir le jour de l'ATPL théorique, avec un 14/14. Ce jour la seulement j'exulterai, même si, je ne vais pas m'en cacher, les résultats du PPL, ont arraché en moi quelques cris de satisfaction.
On m'a toujours attendu au tournant, et notamment la famille qui attend de moi des résultats dans le domaine que j'apprécie et c'est durant ces courts instants que tu te rends compte que tu leur offres une sorte de cadeau.

Je les ai fait souffrir pendant mes années de scolarité, stagnant dans les méandres des bonnets d'ânes, lisant la peine dans leurs yeux. Il était temps que ça change, et depuis le 7 septembre 2010, 9H00, la machine est en route, et il n'est plus question qu'elle s'arrête.

L'expérience ENAC pourrait être chez moi un déclic semblable à celui qui m'a heurté le jour où j'ai décollé pour la première fois de Lasbordes en piste 16 en Tecnam.Ce déclic qui change profondément ta vie, qui te dit que cette voie, et cette fois, c'est la bonne.

Je prends un réel plaisir à me lever, me disant sans cesse que cette journée tu vas uniquement parler avion, vivre avion, et que dans 6 mois désormais, tu seras de l'autre côté du grillage, à deux pas du cockpit, celui qui depuis maintenant plus de 5 années constitue le Graal.

LFBO 241730Z 31015KT 9999 BKN008 BKN026 10/09 Q1012 NOSIG=




J'avais commencé à écrire ce message il y a 20 jours, et désormais j'attends impatiemment ma première Nav solo... Malheureusement, chaque dimanche matin, la TEMSI me fait comprendre que ce ne sera pas pour aujourd'hui... Et pour cause, le METAR de LFBO, ce soir est à l'image de cette journée: Pourri !
Aujourd'hui on ne verra le soleil qu'a travers les images lentement rafraichies de FSX, et à bord d'un 747 en vol vers Ténérife Nord.

Le seul rayon de soleil au milieu de ce dimanche pluvieux est donné par les quelques chiffres qui tombent au compte-goutte, et qui prévoient plus de 400.000 emplois entre 2010 et 2029, soit la formation de 21000 pilotes/an. On se prend de plus en plus à rêver du "Coveted left Seat".

De bord d'aile à bordel.


Mardi 7 septembre 2010, 7H l'oeil vif dans le frais qui envahit ma chambre. Le réveil me sort d'une douce, mais trop courte nuit.

Aujourd'hui, je vais rejoindre l'ENAC, et j'en meurs d'envie. Pour moi c'est comme changer de vie, passer d'un monomoteur à un bimoteur, traverser une couche sans la contourner. C'est comme l'excitation d'une première fois... Celle dont tu n'arrives pas à prendre conscience dans un présent immédiat, mais qui t'arrive à la figure dans les heures qui suivent.

L'ENAC, pour moi c'est le début d'un rêve, peu importe la formation que tu peux y suivre. C'est un lieu où tout le monde se rassemble autour d'un thème commun.
A 7H30 ça parle avion, à 17H30 ça parle avion et le temps qu'il reste, temps où les bouches s'assèchent de paroles, ça lit avion.

En parlant avion ma formation se poursuit tant bien que mal, j'ai fait 3H de solo en tours de piste, et fait ma première grande navigation (un LFCL-LFBZ), bien que très peu convaincant sur l'aller et le retour. C'est dans ces moments là que il faut rebondir et tenter de retomber sur ses pattes.

Je viens de passer le théorique du PPL, et j'attends désormais les résultats, non sans craintes, puisque n'ayant pas des masses révisé, je crains l'ajournement. Mais comme m'a dit l'instructeur: "Tu l'auras bien mérité". Paradoxalement, je suis de cet avis.
Mon corps amoureux, m'interdit les nuits blanches sur le simulateur, la lecture attentive du Cépaduès, et la bachotage sur Gligli. C'est un peu pour moi la voie royale de l'excuse, si jamais je franchi la dead-line des 75%.

J'ai également réussi avec succès, les deux visites médicales à l'occasion d'un voyage sur Paris. Je suis donc maintenant apte au pilotage à la fois au Canada et aux États-Unis. Des belles contrées en perspectives.
J'en suis désormais sûr, je hais Paris, non pas à cause des gens qui la compose, mais à cause de l'architecture: Le métro tortueux, sale et remplit de courants d'air, son atmosphère grisâtre, ses mouvements incessants...
Je ne suis clairement pas fait pour ce genre de ville.

Man Flex 45 SRS Runway A/THR blue
Paris Orly, 12H, avion qui relie Orly à Toulouse, le panneau silencieux m'annonce que l'embarquement est ouvert.
Après avoir passé les contrôles obligatoires de sécurité, je me trouve dans la passerelle d'embarquement. Mon coeur bat, mes mains tremblent, la file avance, j'arrive devant la chef de cabine.

"-Bonjour Monsieur, siège XX

Son sourire bien qu'éblouissant ne parvient pas à calmer mes tremblements.

"-Bonjour madame, je suis futur élève à l'ENAC et j'aurais voulu savoir si il était possible de voyager dans le poste."

La phrase est lancée, et maintenant il n'y a plus qu'a attendre, mes tremblements se calment et et je m'en vais rejoindre ma place.
Ma place est plus qu'inconfortable, car je me retrouve pris en sandwich entre une mobilophile, de celle qui appelle sa "Best Friend" pour lui dire que elle a trouvé un "top trop méga tendance" avec un "string ficelle" assorti à la couleur de ses mycoses, et un homme très calme, trop calme qui semble stressé. Le vol va être long.

Trois minutes s'écoulent, et au loin une hôtesse remonte l'allée:

"-Vous avez des papiers d'identité à montrer au Commandant ?

Mes tremblements reprennent, mes jambes deviennent molles,

"-Euh, oui je les ai dans ma valise,

- D'accord suivez moi "

Mes jambes molles soulèvent tant bien que mal mon embonpoint adipeux, et je peux voir en me levant que, devant la porte du cockpit, se dresse un homme en pantalon Bleu et en chemise avec gallons, j'affiche un sourire, remercie l'hôtesse dont le charme ne laisserait pas insensible une bonne majorité d'hommes. La porte du cockpit se referme derrière moi...

Merci messieurs les pilotes.

L'avenir se prepare aux creux des vagues...


... et c'est bien pour ça que j'ai commencé à le préparer.

Je viens de revenir de vacances, et j'ai toujours cette envie folle: Mettre le fessier dans un avion.

De toutes les vacances que j'ai pu passer, celle-ci ont été sans doutes les plus bénéfiques pour moi, car elles m'ont permis de faire le tri dans mes amis, et de me remettre en question. Il est désormais un évidence pour moi que celle de dire que les amis se compte sur les doigts de la main, et même en se coupant 2 doigts, je pense que ce serait largement suffisant. C'est une des leçons que la vie peut nous donner. Elle n'est jamais agréable, mais elle est nécessaire

Un siège, un bouquin de PPL, une bière, du soleil et les avions trainant des banderoles qui s'agitent dans un grand bain bleu, voici le cadre dans lequel j'ai gravité pendant 8 jours. Le temps d'une pause bien méritée, signant les dernières grandes vacances de ma vie.

Dans maintenant 5 jours, je serai à bord d'un A319 d'Air France, espérant le frisson qui envahit le corps à la mise en puissance. Celui qui ,tel un orgasme de sens, te fait piquer les yeux, t'amène la larme.
C'est là aussi assis sur ton siège perçant la couche, que tu penses fort à tes visites médicales, qui peuvent à tout moment sanctionner tes petits excès annuels...

En attendant, je m'en vais rejoindre le grand bain bleu demain à 16H, me prendre ma petite dose euphorisante, sous un soleil qui s'annonce rude... Mais entre le soleil rude et le vol mon choix est déjà fait ... Je prend les deux.

On avance...


Le 29 Août prochain, je retrouverai mon lit double dans le quartier de Malakoff à Paris.

En effet j'ai pris aujourd'hui rendez vous pour mes visites médicales annuelles. Je passerai donc la visite Canadienne le Mardi 31 Août, et la visite Américaine le Lundi 30 Août. Encore des nuits agitées en perspectives.

Aussitôt les rendez-vous médicaux pris, pas le temps de se reposer, je saute dans ma golf rouge vif, pour aller demander un renseignement sur les licences à Blagnac et je suis donc désormais quasiment certain de passer le théorique PPL le 15 septembre 2010. J'ai donc tout le mois d'Août pour peaufiner le PPL, et pour cause, je ne vais pas voler jusqu'en Septembre car la place de l'instructeur est désespérément vide... Obligation professionnelle.

Le PPL se révisera sous le soleil Espagnol, et plus exactement à Salou, à quelques Nm de Tarragona. En compagnie de filles, peut être. Une bonne méthode de peaufiner l'Anglais et notamment le FCL 1.028 ("Can I make a rapid check of your fuselage ?).

Le planning officiel est donc le suivant, vacances Espagnoles du 14 au 27 Août, puis direction Paris du 29 au 31 Août. Par la suite, il faudra ressortir les stylos et la règle pour apprendre un nouveau métier, et s'offrir une nouvelle vie... Une vie dans les nuages.

Du nouveau.


Les derniers jours que j'ai vécu, ne m'ont pas laissé le temps d'écrire. Quand le temps était là, l'envie n'y était plus.

J'ai eu mon baccalauréat, non sans mal, puisque j'ai eu droit à une mention "Rattrapage". Je ne vais pas (et plus) recommencer mon éternel cinéma sur l'éducation nationale. Désormais les matins mélancoliques, le dimanche soir emplit de blues, c'est bel et bien fini.
J'ai su récompenser, les professeurs méritant (un seul dans mon cas) avec un petit mail sympathique, et je vais recommencer ici: Merci Danny.

Aussitôt le bac en poche, j'ai filé à l'ENAC pour apporter le dossier d'inscription. Je suis donc, dès à présent élève de l'ENAC pour l'année 2010/2011. L'école dont j'ai tant rêvé va donc m'ouvrir ses portes. Je suis si impatient de me lever le matin, pour aller bosser, parler, débattre sur le seul sujet qui me tient à cœur: L'avion.

En ce qui concerne l'avion, je suis désormais à proximité de la 60ème Heure de vol, et je vais, d'après les dires de mon instructeur, commencer les navigations solo. Il est une certitude, c'est que l'envie ne manque pas, et la motivation reste intacte.
J'ai trouvé dans l'avion, un beau moyen de m'échapper, de supporter les moments difficiles. J'ai décidé de vivre avion, de dormir avion, de mourir avion. Même si il est sûr que cela implique, et impliquera des concessions énormes et notamment moralement et amicalement. Mais les couchers de soleil à 5000 ft sont à ce prix. Il faut parfois savoir être egoïste

Dans moins d'un an, maintenant, il faudra que je quitte la France, pour aller m'installer au Canada, et ainsi poursuivre ma formation.
La chose encourageante dans ça, c'est que outre Atlantique, le monde de l'aéronautique semble enfin atteindre son printemps. Les perspectives d'emploi se multiplient et l'espoir renait. Aurait-on enfin tourné la page de la crise ?

Retour sur le Tarmac


Plus de 8 heures par jour de bouquinage, d'équations différentielles qui retournent la tête, et saturent les neurones des plus brillants élèves.

J'ai essayé d'ingurgiter en 4 jours, le programme d'une année entière en Maths, Physique, et Science et vie de la Terre.
Seul le jour du 6 Juillet 2010, témoignera du succès ou de l'échec de ma méthode.

En attendant, et pour tout les jours désormais, ma vie sera remplie d'avions, et uniquement d'avions et ce jusqu'à que le destin en décide autrement. Avec ou sans le Bac.

La décision est prise, je ne remettrais plus jamais les pieds dans un lycée, peu importe ce qu'il peut se passer. Ma dernière année a été trop pénible, et ma déception est énorme quand je m'en repasse les souvenirs.

Fini les profs qui ne méritent pas d'enseigner, les dépressions dominicales, les pieds qui trainent, les chaises qui torturent le dos.

J'en avais parlé dans un billet datant de 3 ou 4 mois, et désormais le jour est venu de remplacer les feuilles blanches par les cartes Jepessen, les intégrales par les approches ILS, et les logarithmes par les circuits d'attente et l'ennui par le Bonheur.

Et ça, on commencera dès Dimanche après-midi, pour mon premier vol Post-Bac, vol d'une nouvelle ère. L'orage est passé, les dégâts sont là, mais le soleil aussi.

Direction la mecque des pilotes.


Rendez vous était donné le Dimanche à 15H00 avec mon instructeur.

On sort le Dr-400, sous la chaleur étouffante du Soleil, réduite par les quelques cumulus qui jalonnent le ciel Toulousain. La météo bien que clémente nous annonce quelques Cb's le long du trajet, mais rien de bien méchant.

Après avoir fait le plein, chargé les nombreux bagages, on fait ronronner le DR-400.
Aujourd'hui est un jour particulier puisque ce soir on ne reviendra pas sur Toulouse, et pour cause, ce soir on dormira à St-Yan, Mecque des pilotes, centre de formation des futur pilotes de ligne.

Pour le départ, j'ai pris la place de droite, une bonne façon de voir les principales différences qu'il peut exister entre la place gauche et la place droite. Les instruments ne tombent plus sous les yeux, et les repères sont vite perdus. Le seul avantage de cette place c'est qu'elle confère à son occupant, la force tyrannique de l'instructeur...



J'ai uniquement le rôle d'assistant sur ce vol, autant dire que pour une fois, je vais profiter pleinement de mon rôle de passager, de quoi faire de belles photos.

On s'aligne 34, pour une fois, je suis passif, profitant totalement de la vue qui m'est offerte, et notamment celle de Toulouse après le décollage.
On rentre les volets, on coupe la pompe et les phares. On quitte la fréquence de Lasbordes et on switche sur le SIV de Toulouse.

Autorisé presque directement pour le FL090, on arrêtera notre montée au FL070, et c'est déjà largement suffisant pour apprécier le paysage. Et puis au loin la masse des CB's est perceptible.

A notre gauche les averses orageuses sont clairement visibles, et je dois avouer que j'aime voir ce genre de phénomènes, élégant, puissant et terrifiant. On zigzague pour les éviter.

On finira notre ascension au FL105. J'ai donc dépucelé mon altimètre personnel en rajoutant plus de 5500 pieds. Encore loin du FL380, mais je commence à combler le retard.

Gaillac, Saint-Flour, Clermont... Les paysages changent vite et le grand soleil fait son retour. Petite expérience inédite aux alentours de Clermont, puisque nous avons été dans l'impossibilité de contacter l'approche, ce qui nous a obligé à descendre au plus près du relief pour éviter l'espace aérien...

La Terre redevient plate comme un planche, et St-Yan approche, étonnamment la fatigue est importante, ce qui est bizarre pour un vol de seulement deux heures. Quid de l'altitude. On à maintenant passé le Massif Central. Une bonne occasion de réviser ma géographie à l'approche du Bac.

Je suis spectateur pour l'atterrissage, et après un rapide reconnaissance on s'intègre en début de vent arrière de la 33R. La suite est banale, jusqu'au moment ou tu descends de l'avion.

La chose qui choque à St-Yan c'est l'infrastructure. Deux pistes, une rampe d'approche, un ILS, un équipement digne d'un aéroport international, et pour un village de 1141 habitants.

Ce voyage à St-Yan à été une bonne manière de voir ce que les gens appellent la "Voie royale de l'ENAC". En effet pendant 1 jour et une nuit, j'ai pu vivre dans les infrastructure du SEFA.

Je marche à la façon d'un bourricot, chargé de mes nombreux sacs, sous le soleil du Nord (sur le coup j'ai changé mon image grisâtre du Nord de la France). Et la je dois dire que tu t'émerveilles des infrastructures disponibles pour les élèves Pilote de Ligne.



Des chambres avec vue sur la piste, une salle de muscu, baby-foot, billards , vélos pour les balades, pelouses digne d'un green de golf, barbecues... La liste des divertissements disponibles serait trop grande à développer.
Le clou du spectacle étant bien sûr les simulateurs de vol, superbement beaux.

Tout ça dans un cadre pour le moins dépaysant puisque sitôt passé le portail du SEFA, on se retrouve dans la campagne du Nord avec les vaches mangeant de l'herbe en spottant les avions...

Je comprend désormais que les sélections au concours EPL soient si dures, mais le jeu en vaut la chandelle, croyez moi. Le rêve des études conduites sous le bruit ravageur d'un Baron qui décolle.



La nuit les EPL, peuvent s'endormir sous la bonne étoile de la manche à air éclairée....


Bienvenue à la Mecque des Pilotes.

Emotions


"-Courte finale 32R F-RK
- Autorisé atterrissage 32R vents..."

Je sors complétement les volets, et décélère à 115 km/h, je suis dans l'axe de la 32R à Toulouse Blagnac, planant à proximité de mon rêve de gosse: les avions de ligne.

Pas le temps de bader devant les monstres de métal, déjà l'heure de remettre les gaz et d'effectuer un virage par la droite pour rejoindre le point EA.

Pour la première fois, j'étais du bon côté de la barrière, la où j'ai toujours rêvé d'être.

J'en suis maintenant à plus de 45 heures, et les mécanismes du vol commencent à être profondément ancrés dans mon cerveau. Plus que les heures de solo et la formation touchera à sa fin. Ce sera aussi le temps ou il faudra penser à l'avenir, et notamment à l'exil vers le Canada.

Pour le futur, j'ai désormais deux options certaines, soit l'ENAC en formation AE, soit la Fac en cursus IMP.

Pour la première, je suis conscient des choses que ça peut m'apporter mais à 6000 euros l'année, je trouve dommage de ne pas dépenser cet argent à voler et à remplir le carnet bleu. De plus cette formation n'étant pas valable au Canada, je me pose la question de son utilité réelle. N'empêche que ce fut une bonne expérience, qui au delà de me faire plaisir, m'a montrée que la route était encore longue et semée d'embuches.

La seconde option, me semble tout aussi intéressante, mais ne touche absolument pas à l'avion, et ne m'apportera, pour le futur, que des éléments théoriques. J'ai également peur de retomber dans les travers de l'éducation nationale et de ses professeurs, là pour l'argent et nullement pour l'amour de ce qu'ils enseignent.

En attendant, et à défaut de trimer l'avion, je trime sur les épreuves du BAC, qui a, pour ma part bien commencé, puisque j'ai réussi mes épreuves expérimentales, signe que je ne sortirai pas à 0 du bac. Reste à confirmer aux écrits du 17 Juin. En espérant que ce soit un ENAC bis.

Je n'ai qu'une envie désormais, obtenir ce BAC, et signer pour une vie dans les avions, peut m'importe les galères qui m'attendent. Il est temps de mettre les gaz vers un monde meilleur que celui que l'on m'a proposé jusqu'à maintenant.

Pour finir, je voulais avoir une pensée pour Jacques Carpis, président de l'aéroclub " Jean Doudiès" de Castelnaudary. Une personne à qui j'avais peu parlé mais qui m'avait laissé l'impression d'une personne fort sympathique et au gros cœur. Jacques Carpis est décédé le 5 Juin 2010 dans un accident d'ULM.

Premier vol solo.


La verrière se ferme sur un: "Amuse toi bien".

Petit coup d'œil dans l'avion, je suis seul.

"-F-RK, DR-400 à la pompe pour des tours de piste, pour info c'est un solo.
- F-RK roule point d'arrêt 16, rappelez prêt."

Je lâche les freins et le DR-400 s'élance sur le taxiway. Je me remémore les actions à effectuer. Le point d'arrêt est là.

"F-RK point d'arrêt 16, on est prêt au départ
-F-RK alignez vous 16, autorisé décollage 16, les vents..."

Je regarde une dernière fois la finale, aligne le nez du DR-400 avec la centerline, et pousse la manette des gaz.
Paramètres normaux, badin actif, pas d'alarme, 100 km/h, rotation.

Le train principal quitte le sol.


P.S: Merci pour la photo "El rey".

Enac chapter 2: Rejected Take off.


Mes yeux sont lourds, j'ai mal dormi depuis le début de la semaine et pour cause, j'ai été cool toute l'année, mais la en une semaine j'ai pris ma dose de stress annuelle.

J'ai sorti la chemise, la ceinture et le jean. Autant dire que ça change du sweat et du jean troué que j'utilise pour aller au lycée.

7H45, je retrouve l'enceinte de l'ENAC . J'ai rendez-vous dans le bâtiment Hymans, un truc plutôt immense, remplit de bureaux, avec des gens qui s'affairent sur leurs PC, la tête courbée au dessus du clavier.
Je reconnais au loin, mes amis de l'écrit, ceux avec qui j'avais commencé à discuté de choses et d'autres sans jamais finir faute de temps. On se retrouve et recommence à discuter, une bonne entente. Pour la première fois de ma jeune existence, je commence à me sentir bien en groupe.

Mon heure à sonné, j'entre dans la salle, 3 examinateurs, dont un Anglais. On débute sur la question du cursus et des motivations. Je leurs explique mon cas, et notamment mon histoire pour la classe 1, ainsi que mon envie de partir au Canada. J'enchaine avec mon PPL, et mon premier solo.

J'ai jamais été très démonstratif, et mon speech tourne court. Il est l'heure de passer au questions, et notamment à celles en Anglais.
Un echec total. La pression est telle que je bafouille totalement mon anglais. Résultats, l'examinateur me colle un insuffisant.

Maintenant, il ne reste plus qu'a attendre mes résultats, mais je suis sans grand espoir.

(Source image: Wikivisual)

Nouveau décollage

Je marche à pas cadencés dans la fraicheur matinale, l'heure tourne, et je vais être en retard en Maths.
Les écouteurs font fonctionner à merveille mes nerfs auditifs.

Je repense au vol de dimanche. Toujours les mêmes actions, les mêmes sensations. J'ai besoin de cette piqûre de bonheur, c'est elle qui conditionne ma vie de jeune, ma vie future.

Après mon cours d'arithmétique modulaire, j'attrape mon téléphone et compose le numéro de mon testeur pour le premier vol solo.
Une voix rauque se fait entendre, et je me présente timidement. En moins de 5 minutes, je viens d'apprendre que mon "First Solo flight" se tiendra, surement, la semaine prochaine.
Un premier line-up sur la 34 tout seul, une première mise en puissance tout seul, un premier vol tout seul. Entre joie et crainte.

La semaine prochaine va être chargée, que ce soit en stress ou en épreuves importantes de la vie.
Tout d'abord, les épreuves du bac commencent avec les travaux pratiques, puis les oraux de l'ENAC, qui clôtureront le concours AE 2010 (Occasion d'un pot avec mes amis d'Aeronet? ), et enfin le premier vol solo. Une bonne grosse semaine en perspective.

J'ai décidé de faire le tri dans ma vie, je jette ceux qui ne méritent pas mon attention, mes amours fanés, mes amis devenus ennemies.
Je me rends compte de plus en plus du côté superficiel de la vie. Les valeurs humaines se perdent dans les dédales de la société nouvelle.

Je regrette le passé, passé dans lequel je me noyais dans les jeux vidéo, jouant jusqu'à pas d'heure.
Metal Gear Solid, Resident Evil, Silent Hill, ils ont bercé mon enfance. J'étais naïf, croyant que la monde adulte c'était identique à ce que la Playstation me donnait à manger. L'Homme était un acteur de l'humanité, il veillait à sa survie.

Le monde dans lequel je me prépare à rentrer est totalement différent. L'Homme ne semble plus s'intéresser à ce qui l'entoure, vivant pour soi-même...

J-1

Les jours ont passé, je n'avais pas l'inspiration nécessaire pour finir de rédiger l'article que j'avais commencé.

Ce week-end a été riche en émotions et en rebondissements.
Samedi, le soleil est au rendez-vous, et je me trouve une place en pax dans un DR400. Je vais pouvoir enfin tester mon jouet: Une caméra HD.
Je m'installe tant bien que mal à bord, bloque le pied de la caméra avec mes jambes, et commence à enregistrer.
Le résultat est surprenant, les images sont belles et bien colorés, malgré un soleil dur. Un seul bémol, le format des enregistrement vraiment à ch*** pour les montages. Je vais essayer de trouver une solution, mais mon cerveau est très occupé en ce moment.

De retour du vol, je croise le superviseur de mon instructeur, qui, entre deux discutions, me lance qu'il est disponible toute la semaine pour mon premier vol solo. Ni une, ni deux, je programme mon vol pour le mardi 24 Mai à 15H. Un jour qui ne sera définitivement pas comme les autres.

En attendant impatiemment les oraux de l'ENAC, je continue à bosser mon BAC,et mes notions sur le pilotage, et j'ai trouvé pour cela la méthode infaillible. Une seule et même vidéo: La méthode

Si avec ça je ne garde pas l'envie de devenir pilote, alors ma vie est finie. Malgré le fait que la vidéo soit une daube musicale, elle est si belle que mon envie d'être pilote est décuplée par 10 quand je la vois. Ses formes généreuses et magnifiques, ainsi que son galbe si particulier, font qu'elle porte bien son nom de "Queen of the sky".
Ben quoi?! On vit aviation jusqu'au bout.

A l'heure ou je publierai cet article, le décompte sera d'environ H-24. Wait and see.


Waiting for the next step.

Je l'ai pris pour une simple épreuve contre moi même. Celle qui me permettrait de montrer ce que je sais faire de mon esprit, de mes ressources, de mes mains.

Je veux arrêter de me masturber l'intellect en groupe, dans ce système infâme.

Le premier des centaines de pas qu'il me reste à parcourir, vient d'être réalisé avec succès.

Le début du rêve

6H du matin, à l'image du blogueur LJ35, l'application "Sleep Cycle" me réveille. J'émerge de mon lit 20 bonnes minutes après. Je regarde rapidement la météo, et dehors ça frise: 7°C.
Je regarde rapidement le forum d'Aeronet, pour m'amuser des trolls, et regarder les news postées par les quelques rares insomniaques de toute la France.

J'ai également reçu un message d'un de mes contacts:

"Les résultats sont tombés aujourd'hui. Admissible pour moi. Tiens moi au courant on se verra p-e a toulouse. bon courage bye"


Ni une, ni deux, je cours chercher le papier qui contient le mot de passe dans le tiroir du bureau, qui contient les certificats médicaux, les assurances, et tout ce qui permet un "safe flight".

Ouverture de " Mozilla le Renard de feu", je tape ENAC, et me connecte au site. J'entre les identifiants, en gras mon nom, prénom et un seul mot:

ADMISSIBLE

Certains me tacleront surement en disant que ce n'est que AE, que ce n'est pas EPL, que c'était facile. Peu m'importe, ce que je vois c'est surtout le début d'une victoire contre moi-même. Ce moi même qui n'en fait qu'a sa tête, refusant l'apprentissage imposé par le système. Cette même tête qui apprécie la sensation d'un rotation, d'une turbulence qui lui écrase le centre de commande sur la boite crânienne.

D'ailleurs en parlant de turbulence et de rotation, bientôt la fin du calvaire, j'ai les pieds cloués au sol depuis trop longtemps.
Je veux retrouver mon instructeur, mes procédures, mes erreurs, mes cafés, remplir mon carnet de vol, mes ventes de tapis, mes atterrissages vent de travers, mes calculs hasardeux.

La suite du programme s'annonce chargée, le 15 mai, je devrai reprendre la route du ciel, bien décidé à fournir un travail exemplaire, le 26Mai, les oraux ENAC (Anglais et Français) décideront de mon avenir dans cette école. Le 28 Mai j'aurai les épreuves de TP du Bac. Et enfin 15 jours plus tard, j'espère que je serai à la hauteur pour signer la fin du calvaire, la libération suprême.

Le retour de mon aponie et de mon ataraxie. Celle que j'ai toujours attendue et qui n'est jamais venue que par morceaux: Le samedi et le dimanche à bord d'un avion.




Et si...


... Je n'obtenais pas le BAC.


Il n'a pas été dans mes options celle de sortir de cette année sans le bac.
Malgré tout, on ne cesse d'y penser: Que faire si cette année je ne suis pas un bachelier comme les autres ?


Loin de moi, l'idée de dramatiser l'échec, j'ai souvent été constant dans l'échec, relevant la tête sous les coups de butoir de mes chers professeurs.

Les contraintes opérationnelles ne sont pas d'actualité uniquement dans le cockpit. Le 100% de réussite de l'an dernier contraint le microcosme dans lequel j'évolue plus de 12H par jour, à un stress permanent: Celui de placer ses élèves au plus au niveau, sur le dernier barreau de l'échelle.

J'ai toujours préféré travailler tout seul, loin du bruit, de l'ambiance bruyante de la classe, qui boit le doux élixir que nous propose le professeur. C'est un choix, un esprit de vie, a "way of life". Je suis donc entrain de subir les rouages d'un système mal pensé, qui ne laisse pas de place à l'autodidaxie. On m'oblige à aller en cours sous peine de sanctions, on me place 10H sur une chaise, chaise ou je "dégueule" l'élixir de connaissance.

Non pas que le système scolaire soit inintéressant: J'aime les équations du mouvement, les équations différentielles, les exponentielles, les logarithmes.
Ce système est juste mal pensé, il y a comme une erreur de conception, une erreur dans le code originel.
Qu'on laisse donc une place à l'autodidaxie.

Certains me dirons volontairement, que je n'ai qu'a quitter le système si je ne suis pas satisfait. Il est certain que si je le pouvais, j'aurais depuis longtemps choisi ma voie.
Cependant, il convient de se poser la question de la suite de ma vie, que faire si l'on sort de l'unique système qui nous est proposé ? Travailler seul certes, mais avec quelle récompense, quelle porte ouverte lorsque l'on présentera le CV ?

Le système Français agit de telle manière que l'on classifie les Hommes depuis leurs naissances: Les meilleurs en Prépa, le reste à la Fac ou au chômage.

Est-il cependant judicieux de penser l'intelligence selon une appartenance à une filière spécifique ? L'Homme pauvre de la FAC, n'a t-il finalement pas plus de ressources que l'Homme de la Prépa.
L'ouverture de certains concours à des fillières spécifiques montre que si. Que se passerait-il si un Homme de la pauvre FAC se retrouvait major de sa promo à l'X ? Joyeux bordel.

A-t-on déjà pensé aux élèves qui n'étaient pas adaptés au système, non par envie mais par un mode de fonctionnement radicalement différent.
Je fais peut-être partit de ceux-là, qui n'ont pas besoin de l'Homme entre le livre et le cerveau pour comprendre une notion.

Il existe cinq mots pour me caractériser: Critérium, Cahiers, expérience, relationnel, et plaisir de découvrir.

Les deux premiers sont les outils de l'apprentissage, j'écris au critérium, j'aime mon critérium, celui qui pose sur les feuilles vierges de mon cahier, les idées les plus farfelues, les équations de maths et de physique, et parfois un dessin.

L'expérience est une des facettes de la connaissance, sans l'expérience, les notions purement théoriques finissent par disparaitre au fin fond des méandres du cerveau.

Le relationnel est pour moi une partie liée intimement à la connaissance, j'aime discuter Avionic, courant alternatif, philosophie, univers sur les bases d'un Stephen Hawking. A contrario je hais les gens dont les propos se confère essentiellement aux choses d'actualité, aux choses débitées par les médias.
Mes amis font partit des gens qui voient au delà de ça, qui voient dans l'apprentissage, et peu importe le type d'apprentissage, une notion de plaisir, celle du plaisir d'apprendre. Malheureusement mes amis sont rares, rares comme la notion de plaisir que nous donne l'éducation nationale.


En ce qui concerne mon échec au BAC, ce n'est pas une option je n'y ai donc pas posé la moindre once de réflexion. Plus que un mois et le verdict tombera. Mais cela ne me fera ni chaud ni froid, car ce diplôme aura un goût d'autant plus foireux qu'il a été obtenu dans un système foireux...

AE, ou l'art de faire difficile.


Le soleil émet ses premiers rayonnements, l'air est frais, et mes yeux sont collés par le sommeil.

Je suis devant le portail de l'école dont j'ai toujours rêvé, celle qui berçait mes jours et mes nuits, celle qui "donne" le Graal à tous les pilotes : L'ENAC.

J'ai depuis deux ans maintenant tourné la page "rêve" du bouquin de ma vie, et pour cause, sans Classe 1, pas d'ENAC. Et puis je me console en me disant qu'avec mes résultats scolaire ne suivent pas pour un tel cursus.

Après un contrôle de routine par les agents de la sécurité, je pénètre dans l'enceinte de L'ENAC, et je dois dire que c'est beau, très beau même. Bâtiment impeccables, personnel qui se baladent en Caddie de golf (témoignant de la taille de l'enceinte), parterre fleurit par des entités qui sentent bon l'été. Manque que les filles pour que ça ressemble à l'université Américaine que nos écrans de télévision nous balancent.

Signe du destin, j'ai rendez vous dans le Bâtiment Daurat, nom identique au nom de la rue du CEMPN.

Je m'attendais à voir plus de 200 candidats devant l'étroite porte d'examen. Je me rapproche de la porte et je peux apercevoir que nous ne sommes que 6. Encore une fois c'est le rêve puisque cette année, l'ENAC recrute 10 candidats ou plus suivant la demande.

Le premier sujet de Français arrive, texte sur le givrage à résumer en 239 mots, pas plus. Je prends le temps de lire, d'identifier les termes importants, d'éliminer les déchets.
Pour moi ce genre d'épreuve est une grande première puisque je n'ai jamais fait de contraction de texte. Et c'est un échec total. Je suis à 341 mots et il me reste 5 minutes.

Durant la petite pause qui nous est accordée entre le français et les épreuves scientifiques, je discute un peu avec les candidats, et je m'aperçoit vite que je suis le seul Terminale S, et que les autres candidats sont d'un niveau plus ou moins égal à Bac+2.

Une dame nous dit alors de rentrer pour s'installer de façon a commencer l'épreuve de Maths/Physique.
Les premières questions concernent le basique de la terminale S, à la différence qu'il faut avoir un tantinet de jugeote pour pouvoir répondre, puisque les énoncés semblent être incomplets... On passe du coq à l'âne, de la mécanique au calcul intégral. Une mécanique un peu difficile. J'ai l'impression de pas trop mal m'en sortir, mais j'attends la note avant de me prononcer.

13H30, c'est le ventre plein que je reviens à l'attaque du concours AE, cet après-midi, c'est Anglais et connaissances aéronautiques.

On est ici bien loin de l'anglais aéronautique, puisqu'il n'y a sur la feuille que de la grammaire et de la correction de langue. Le concept de IVAO est bien loin.
Je pense la aussi avoir assuré quelques points, mais je reste méfiant.

Dernière épreuves, les connaissances aéronautiques, qui ne m'ont pas posé de problèmes, puisqu'on est ici dans les questions élémentaires du PPL ( FB, cap, mécanique du vol)... La je suis plus que confiant.

Je sors lessivé, mais content.
Cette école semble se distinguer des standards de l'éducation nationale, la chère, la fameuse.

Ça va faire 3 longues semaines que je n'ai pas volé, le temps est long, ici, quand on a les pieds sur terre. Les dimanches de vol me manquent, mon DR400 me manque, mes KFC du dimanche soir, avec El Rey, à discuter A320 devant un bucket de cuisses de poulet compactées me manquent.

Je me pose la question du jour ou il faudra tout quitter, prendre un "Heavy" pour rejoindre le pays des Caribous...
Je me dis aussi que le Canada, c'est le début de la belle vie, celle que j'ai attendue, assis sur ma chaise du lycée. Celle où ton reveil sonne pour te dire que c'est l'heure d'aller voler dans les nuages, de zigzaguer parmis les CB's, de faire une approche aux minimas.

Ces derniers temps, et après que le trafic aérien ai reprit du service, je recommence à contempler les avions qui laissent des contrails dans le ciel, le matin alors que le soleil éclaire leurs carlingues d'une lumière rose. J'imagine cette même lumière qui illumine le cockpit. Je rentre dans le rêve.

J'en sors vite lorsqu'il est temps d'entrer dans le métro, direction le lycée, direction la chaise du fond de classe.

Arrivées opérationelles






On annule l'intention de vol déposée pour l'aéroport de Perpignan, à cause d'une carte essence égarée par le pilote précédent et un timing serré.

On ira cependant vers Lézignan, en passant par Castelnaudary, Carcassonne, en faisant une verticale Lézignan, puis un petit tour au dessus de la mer.

Visite prévol qui ne révèle rien de suspect. On tire l'avion jusqu'à la ligne de mise en route. Pendant que mon instructeur va faire le plein du DR-400, je vais tirer sur le PC, les cartes VAC de Lézignan. Voila tout ce que, un petit changement de destination peut entrainer.

Je rejoint "le crew" à la pompe. J'assiste contre mon gré aux ravages gastriques que peut produire l'avion sur l'Être Humain. Une femme adossée contre la cahute de paiement, semble lutter, vents et marrées, contre les vagues acides qui lui taraudent les dents du fond. C'est la que tu te changes les idées en te disant que ça ne t'arrivera jamais.

Le DR-400 avale le taxiway sous un soleil de plomb, doucement atténué par la nuit qui se lève. Essais moteur et derniers items d'avant décollage et on s'aligne sur la 34, avec un départ immédiat. Je pousse la manette des gaz et le badin s'agite. Paramètres dans le vert et rotation. Le train principal quitte le sol, et bientôt on voit Toulouse de haut.

On quitte Lasbordes puis on contacte le SIV de Toulouse pour pousser notre montée jusqu'à 5000 ft QNH. Pour ma part je préfère toujours passer avec le SIV, même si le contact n'est pas obligatoire, car c'est un gage de sécurité tant envers les avions qu'envers les espaces, plutôt difficiles à cerner au niveau de Blagnac.

On a prévu de se référer au log de navigation, jusqu'à Carcassonne, puis de prendre un cap jusqu'à Lézignan.On fait une verticale lézignan, alors que devant la capot moteur s'étend une grande étendue bleue. On passe les quelques barrières de relief, non sans turbulences, puis on passe de la terre à l'eau. Du bonheur en barre. L'eau bleue change radicalement des paysages habituels. Pendant 20 minutes on vole le long du littoral, puis on bifurque à gauche pour se diriger vers Lézignan.



En chemin je m'égare, cherche et finalement je trouve. Derrière le relief peu étendu, se trouve le petit et calme aérodrome de Lézignan-Corbière. Reconnaissance, et intégration sur la main droite 26. On décide de faire une arrivée rapide.
Plein volets, plan fort à la sauce PTU. Vitesse un peu forte et l'avion touche la piste. On dégage le taxiway. Je roule au park, ouvre la verrière et respire l'air pur, qui change de l'air pollué de l'agglomération Toulousaine.

On prend quelques bouffées d'air pur, puis on grimpe dans le cockpit pour un retour rapide vers Toulouse, via Castres.
On assiste à scène peu commune dans le monde de l'aviation: Un trafic VFR s'est introduit parmi les avions commerciaux sans clairance du contrôleur.
En effet ce dernier était monté à FL085 pensant qu'il était en espace non contrôlé, comme le mentionnait sa carte 1/500 000ème( 4000/+). Or la carte 1/500 000 ème n'est valable que jusqu'à 5000ft. Le contrôleur lui a donc fait une petite leçon de réglementation en direct.
En passant, ça m'a également servi de leçon puisque j'ai encore un peu de mal avec les espaces aériens.



Je règle le VOR sur 117.70, puis sélectionne la radiale 269, qui constitue un flanquement pour retrouver le lac de AE, point d'entrée du circuit d'aérodrome de Lasbordes.

Je commence à automatiser mes approches. J'essaye de ne rien oublier: Landing lights, pompe, volets sur 1. On vire en finale au dessus de chez notre ami Édouard Leclerc, volets full, et le 34 de la piste en service se rapproche. La gravité joue son rôle et notre train touche le sol. On dégage la piste, fin du vol.

Malgré la fatigue des premières navigations, j'ai qu'une envie, celle de recommencer encore et encore.
Il me tarde tant de remplacer les bruits des dégâts gastriques de mes passagers, par le bruit des réacteurs lorsque ta main pousse la manette des gaz de ton beau liner.
Il est clair que j'envie ceux qui se trouvent là maintenant au FL350, avec comme unique bruit de fond celui du vent qui heurte le "windshield ".

La recette de la réussite.


12H10, je ferme la porte de la classe d'Anglais, exclu pour d'obscures raisons.

13H05, je quitte à toute vitesse le lycée, direction le MacDonald du Capitole. Je pénètre par la petite porte dans le restaurant et j'ai devant les yeux, la raison de la réussite de la firme Américaine.


La réussite par la beauté.

On aura beau dire ce que l'on veut, la première impression est nécessairement physique. Et Macdonald joue avec mes nerfs sur ce coup là.
Femme d'une 30aine d'années( je dirais même de 25 ans...), aux yeux pétillants, marrons. De taille moyenne, elle respire la joie de vie dans son uniforme de MacDonald. Le fantasme de la MILF est en marche, et mon cerveau ne sait plus quelle hormone envoyer dans mon système sanguin. C'est la femme que tu arrives a voir dans ta vie, l'être parfait. Celle que tu fixerais bien au fond d'un boitier de reflex.
Je mange Macdo, vis Macdo, pour uniquement la voir.
Maintenant, il est clair que c'est et ça restera un fantasme pour moi, jeune de 19 ans. Le fantasme qu'on tous les jeunes concernant les MILFs.

"-Vous voulez la carte Mac VIP ?
Ses yeux marrons, étirés par du mascara noir profond, me fixent.
- Euh ben c'est à dire que je l'ai perdue... deux fois.
- Je vais vous en redonner une, mais ne la perdez pas!
- D'accord, j'y ferais attention."

Ton cœur te dis de tout lui balancer, mais ton esprit t'en empêche, comme une barrière infranchissable. Barrière des premiers mots.
Peut-être préférais-je faire durer le désir, car comme j'ai essayé de le placer lors de mes devoirs de Philosophie :


Que se passe-t-il lorsque le désir n'est plus ?


Le BAC approche et les heures de vol s'amenuisent. Il est temps de se mettre au boulot et de passer le BAC avec succès.
3 ans que cette passion du vol me tient à cœur, et toujours pas la moindre trace de faiblesse sentimentale.

Le vol du week-end dernier à destination de Rodez fût encore de toute beauté, les averses de pluie, les CB's, les rafales. Toute la beauté de la nature en 3 mots.

C'est la première fois que je vois des CB's depuis le ciel, et je dois avouer que quand ils se présentent devant toi, et qu'ils imposent leurs masses humides et dévastatrices, ça ne laisse pas indifférent.

L'heure du premier lâché solo approche, et je réfléchi, me fais mes films, et pense au moment ou je reviendrais au club, et que j'ouvrirais la verrière après mon lâché. De belles émotions en perspectives.
Je tombe néanmoins dans la logique "Et si, et si...", cette logique qui te permet de te faire des films, mais qui t'apporte également le stress particulier à ce genre d'épreuve.
J'ai bossé, maintenant, il n'y a plus qu'a.

On passera de la réussite par la beauté, à la réussite par le travail.

Dans 3 h, je me plongerais dans les VAC, les cartes 1/500 000ème, les logs de nav, pour préparer le vol vers Perpignan. Pour la première fois de ma jeune vie, je vais voir la mer d'en haut. Et pour une fois depuis pas mal de temps, le soleil est de la partie. Pas d'averses, de CB's, de neige, de verglas, de grêle, d'orages, mais du Bonheur, le vrai bonheur.

4ème dimension.

Aujourd'hui j'ai fais la course avec un 737.
J'ai perdu.

Take-Off power set.


J'annonce rotation, et je tire légèrement le manche vers l'arrière. On s'envole droit vers l'épais plafond gris qui recouvre la France de l'Ouest.

Ce dimanche est triste, les points d'arrêt de Lasbordes désespérément vides de tout trafic. Gloomy Sunday.

Je commence la section concernant les navigations,même si officiellement je l'ai déjà bien entamée. En effet les tours de piste étant fermés le Dimanche à Lasbordes, on a dû pendant longtemps se dérouter vers d'autre aérodrome de façon à faire crisser la gomme.

Cependant, en ce dimanche maussade, c'est une grande première pour moi, car il n'est pas question de parler de tours de piste. J'ai un essai, un atterrissage pour convaincre. Tu sors full flaps, et tu joues ta vie.

Que c'est bon, ces jours où tu flirtes avec ce que la nature t'offre, les choses simples de la vie. J'arrive encore et toujours à m'émerveiller devant la Terre vue d'en haut. Ce plaisir indescriptible qui te laisse penser que ce qu'on t'offre c'est une chance.
Je pense, et ne cesse de le penser, que de plus en plus de monde vise à chercher le plaisir complexe, et qu'on ne cesse de passer à côté des plaisirs simples. Trêve dans les pensées philosophiques.

Le vol est ce qu'il y a de plus classique:

Aviate, Navigate, Communicate

On évite les nuages, parfois on joue avec, le plafond bloque notre montée à 1600ft. Je suis désormais à deux doigts de pouvoir dire que j'ai la tête dans les nuages.

Cahors se profile devant la casserole de l'hélice, et on s'intègre dans le circuit après avoir fait une reconnaissance préalable. En vent arrière, je suis légèrement trop près de la piste, mais peu importe, je m'aviserais de corriger.
Dans ta tête à ce moment là, tu anticipes ta trajectoire, tu te remémores la C/L d'approche finale, tu t'attends à tout sauf a ce que les RPM tombent dans le rouge. Et pourtant...

Les RPM, ceux qui te tiennent en vie, véritable coeur de l'avion, viennent de tomber dramatiquement dans la zone critique. Tu tournes la tête vers l'instructeur, qui avec son petit sourire diabolique et sa main ferme vient de transformer l'avion en un simple planeur. Et si les instructeurs étaient des magiciens ? Ou des faucheuses qui selon leurs humeurs enlèvent la vie de la carcasse métallique qui te porte dans les airs?

"Allez PTU"

PTU, où "prise de terrain en U", la manœuvre qui te sauvera le jour où ton hélice ne brassera plus l'air.
La piste à ma droite défile et j'ai du mal à bien effectuer ma PTU, surement encore en manque de repères. J'arrive tant bien que mal à placer l'avion en finale.
Plan fort, flaps full, je joue ma vie...
J'arrondis et les roues percutent le sol, le KC retrouve le plancher des vaches. On roule au parc.



Le temps de prendre quelques photos sous le ciel pesant, et déjà on doit repartir car le timing est serré. Au passage, je suis fier d'avoir su placer la ligne jaune, juste sous la roue de l'avion... Fierté




Après les longues vérifications usuelles, j'annonce sur la fréquence que je vais remonter la 31. Transpondeur sur alt, landing lights sur on, pompe sur on, volets sur 1. Je remonte la piste. J'entre sur la raquette et m'aligne au seuil de la piste. L'instructeur me lance: "Tu as perdu 5 mètres et ce serait précieux en cas de panne au décollage". C'est là que tu sens que y'a un truc qui va foirer.

"F-KC on décolle piste 31"

La main gauche pousse la manette des gaz et l'avion commence à avaler la piste. Paramètres normaux, badin actif et rotation. L'avion commence à s'arracher du plancher des vaches, direction les cieux.

L'avion ne monte plus, l'instructeur à revêtu son habit de faucheuse, et la main ferme a tiré la manette des gaz vers le ralenti. Le briefing de sécurité nous donne qu'en cas de panne majeure après la rotation on doit poser "droit devant en évitant les obstacles". A Cahors, la 31 nous catapulte dans les arbres...
Tu sais que le jour où la panne est réelle, il te reste juste à prier pour que le choc ne soit pas trop violent.

Le retour se fera à la sauce déroutement, avec calcul des caps sur le moment, juste à l'aide du "pifomètre".
Cette "sauce" m'a d'ailleurs permit de trouver le métier idéal pour moi, si jamais la porte du flightDeck reste à jamais fermée. Je serais Vendeur de Tapis. L'explication de choix est d'une simplicité déconcertante:

Retour sur LFCL, on est installé à 2000ft on croise le point E et on se dirige vers AE, de façon à pouvoir rejoindre la verticale de LFCL. N'ayant pas le compas dans l'œil, je m'égare, balbutie mes caps, hésite, et au final me pomme dans la campagne Toulousaine. J'essaye de vendre un premier tapis à mon instructeur, qui est loin de se faire avoir aussi facilement, lui a déjà AE dans son collimateur. Je suis de la génération FS, habitué ( plus ou moins) au VOR, je cale la fréquence de la NAV1 sur celle du VOR de TOU. L'aiguille s'agite et j'essaye de la centrer, je suis sur la radiale Est. Je tourne l'OBS vers 089 et l'aiguille du VOR se décentre. Je lève la tête, et devant la casserole, le graal: AE.
Comme quoi les instructeurs ne sont pas les seuls magiciens à bord. J'essaye régulièrement de vendre du tapis, sans succès, et dans ce cas précis, j'ai été le vendeur vendu. Le VOR, je le maitrise sur FS, mais je suis loin de le maitriser sur le terrain.



Le retour sur LFCL, est des plus classiques, et l'aérodrome n'est pas plus actif qu'avant. J'ai cette image spéciale dans la tête: en finale sur la 34 de LFCL, on se frotte au liners qui atterrissent sur Blagnac. Dans mon cockpit je suis comme l'immigré sur l'île d'Ellis Island voyant de loin "l'American dream", n'y accédant jamais.
Mention spéciale pour mon atterrissage, qui ne nous marquera pas les lombaires comme ceux d'avant. Fierté quand tu nous tiens.

Les rayons du soleil ont réussi à percer la couche et teinte de rouge la couche nuageuse. Le cockpit revêt sa robe grise. On étouffe le moteur, le silence est de mise, je pousse sur le "Master Switch". Fin du rêve. Comme un gosse à qui on enlève la tétine.

J'ai reçu ma convocation pour aller passer le concours Agent d'Exploitation à l'ENAC. Je ne veux pas y rentrer, juste essayer. Rentrer à l'ENAC serait en l'état actuel des choses, éliminatoire pour pas mal de choses dans l'aviation professionnelle. L'an prochain c'est licence IMP à Paul Sabatier, et après je pense que il sera l'heure pour moi de partir dans les plaines Canadienne. C'est alors que ce blog prendra tout son sens.

Je voulais aussi parler d'un blog qui me tient particulièrement à coeur: http://nayrusetvoila.blogspot.com/

Je ne le décrit pas, de quoi attirer votre attention...

En attendant,je quitte les lunettes et le casque, et, je retourne sur la chaise du lycée, en pensant encore et toujours à mes avions et au week-end prochain.

Le lycée ou le formatage industriel.


J'entre mon identifiant, et mon mot de passe sur la page sobre du logiciel qui nous permet d'accéder à un résumé de notre scolarité.

Je clique fébrilement sur le lien permettant d'accéder à mon bulletin du second trimestre. 10.20 de moyenne, n°8 de la classe. Ni bon ni mauvais en quelques sortes.

Les commentaires sont, "as usual" d'une froideur déconcertante. Par exemple, Mme la professeur d'Histoire/géographie, m'offre ce magnifique commentaire:

"aucun travail de fond dans la matière."

Amusons nous à analyser scrupuleusement ce commentaire, on nous apprend tellement à bien faire des commentaires que ça va être un plaisir.

Je commencerais par dire que un professeur dans son statut de dominateur parfait, maître du monde et des mots se doit d'être irréprochable et malheureusement, une phrase se commence par une majuscule, et se termine par un point.

Ma position favorite, celle du fond de la classe. Le seul endroit, endroit ou je peux essentiellement me consacrer à mon livre. Alors dire qu'il n'y a aucun travail de "fond" est faux.
De nature autodidacte, je préfère me plonger dans le livre d'Histoire plutôt que d'écouter mon prof parler, son égo en prend un coup et malheureusement dans ce cas mon bulletin trinque.

La façon la plus lâche de critiquer, un peu comme l'homme qui largue sa copine via Msn ou FB... Valeur de l'éducation quand tu nous tiens.

Je finirais ce commentaire en disant que à l'évidence, dans cette matière, la réciproque est également vérifiée. J'ai uniquement envie de lui demander: "Et toi, quel travail de fond dans ta matière? " Elle me répondra surement que elle, elle fait ses cours. Cours dont la chose nouvelle se cantonne à la mise en page, le reste étant plagiat.

On a qualifié mes progrès en Espagnol de progrès légers. 3 points de moyenne, c'est tellement léger. A en perdre la tête.


Einstein disait :

"L'école devrait toujours avoir pour but de donner à ces élèves une personnalité harmonieuse et non de les former en spécialistes."

Actuellement c'est le contraire qui se passe dans le système éducatif, et personne ne fait rien pour que cela s'arrête. Les écarts de programmes sont sanctionnés, et la culture formalisée à sa plus simple expression, c'est à dire à une pâté de formules en boite, à ingérer à toute vitesse, sous peine que les têtes tombent, sous le poids de la guillotine des inspecteurs.
A quand un école réellement plaisante, celle où l'instruction devient un plaisir. Ou la découverte émerveille l'âme et participe activement à l'aponie et l'ataraxie ?

Tant que l'on ne m'empêche pas de piloter, je veux bien continuer à écouter la douce parole de nos chers professeurs et à manger cette pâté infâme...

Comme dans un rêve...


Les passagers montent dans la cabine, ou je les attends patiemment.

Dehors la pluie tombe et le froid est vif, mais qu'importe dans mon B747, on est chauffé. Je regagne le cockpit où le copilote s'affaire au dernier préparatif du vol.Les lampes au sodium de l'aéroport de DeGaulle plongent le cockpit dans un noir profond dont seul la Dome light peut nous sortir. Drôle d'ambiance.

Le vol programmé aujourd'hui nous amènera de Paris à Boston. On remontera le long de l'Irlande, jusqu'à Cork puis on traversera la longue étendue bleue sur une des multiples NAT disponibles.

Les gouttes de pluies s'écrasent sur l'épais pare-brise de l'avion et on perçoit à travers ce dernier les hommes s'affairant autour de l'énorme masse métallique, dont je suis le seul garant. Je remplis mon FMC, et j'égrène ma C/L comme j'ai pu l'apprendre tout au long de ma vie de pilote. Mon copilote ne daigne pas sortir un seul son de sa bouche et effectue son travail comme un automate, automate infaillible.

Après plusieurs minutes de préparation, le chef de cabine ouvre la porte épaisse du cockpit et me dit que tout est prêt en cabine. De mon côté, j'en profite pour dire au sol que nous serons bientôt prêt à repousser.
"DeGaulle Prévol" nous donne un clairance de départ puis nous autorise à repousser. J'allume les beacon, je switche sur la page STAT, et mon EFIS me montre que l'APU fonctionne correctement, la porte roulante s'est désormais retirée et la lourde masse du B747 s'ébranle sur le tarmac. On y est.

Mon copilote s'occupera de la séquence de démarrage des 4 moteurs du 747-400, je ne ferais que superviser les opérations et puis je finirais de préparer les derniers éléments nécessaire au taxi.

La main de mon coéquipier se pose sur les fuel switches et les placent sur "on" puis, il tire les start switches qui s'illuminent en blanc. Les graphs sur l'ECAM s'agitent, comme d'habitude. Les 4 moteurs tournent rond.

Je passe avec "DeGaulle sol" qui m'autorise à rouler vers la piste 27L. On allume les feux de taxi, et je pousse lentement la manette des gaz, de façon à donner vie à ce monstre métallique.

On passe en revu les derniers détails importants avant le décollage, car pas question d'avoir oublié une quelconque chose durant la course au décollage. Autobrakes sur RTO, flaps sur 10, packs sur off. Enfin le point d'arrêt de la 27L se profile devant nous, et il me reste juste assez de temps pour locker la porte du flightdeck et de mettre les "seatbelts et smoking signs" sur on . J'arme le F/D et l'A/T.

La "dome light" laisse peu à peu place à la lumière brune tamisée des cockpit de chez Boeing. Landing lights, strobes puis on s'aligne sur la 27L.
La pluie s'écrase toujours sur le pare-brise. Je pose ma main sur la large manette des gaz commandant les 4 moteurs.

Je vérifie une dernière fois que le mode TOGA est bien actif puis je pousse lentement la manette des gaz. Mon dos tremble, et la centerline de la piste commence à s'effacer... Un son inhabituel parvient à mes oreilles, une sorte de bip violent. Plus de son, plus d'image si ce n'est ce bip aiguë et désagréable.

Chambre à peine baignée par la lumière de la rue, je viens de me réveiller, je suis passé du B747 au lit douillet. Il est 6h05, et on est Mardi matin. Et dans deux petites heures c'est physique-chimie... Bien loin du coveted left Seat d'un Jumbo jet.

Décidément les rêves sont bien plus puissants que ce que l'on peut croire. J'attends juste patiemment le jour où le rêve se combinera à la réalité, et où j'aurais l'occasion de pouvoir écrire un récit semblable à celui la sans avoir l'étranger sensation de mentir ...

PS: Ne faites pas attention aux slats déployés sur la photo. J'avais juste sortit le 747 pour les besoins d'une photo ...

Cleared for take-off runway 34...

Du Français à l'anglais...

La voix de la femme résonne dans nos casques:

"F-RK, line up and cleared for take-off runway 34."

Je mets doucement les gaz, et l'avion pénètre sur la piste. Le pied droit appuie sur le palonnier et l'avion se met doucement à tourner. J'ai le 34 devant moi et la "centerline" sous les fesses.La piste s'offre à moi.




Le temps est brumeux, ce matin la neige était de la partie, et le plafond bas annonçait une journée maussade. Il reste ci et là des résidus de neige des jours précédents. Le temps est froid et notre moteur de 160CV à bien du mal à se réchauffer.

Je règle le compas et vérifie que tout est bien en ordre. J'enfonce la manette des gaz et l'aiguille des RPM accélère vers 2500 tr/min. Le paysage défile, j'annonce "badin actif, pas d'alarmes" et déjà 100km/h, je tire sur le manche et les roues quittent le sol. L'avion transperce le froid toulousain.

Aujourd'hui, on a prévu d'aller sur Auch, en transitant au dessus de Blagnac (LFBO). Pas le temps de chômer, il faut travailler vite et bien.

"F-RK, over DN to leave the frequency"

La femme du contrôle nous autorise à libérer la fréquence, je lance un rapide "merci, aurevoir" et passe directement avec le Service d'Information en Vol de Toulouse (SIV).
Entre temps j'ai perdu ma langue Anglaise et revient au bon vieux Français.

Le temps et brumeux et le soleil ne parvient pas à transpercer l'épais plafond qui pèse au dessus de nos têtes. Au milieu de la brume on distingue le point E.
Le SIV nous rappelle, nous demande de passer avec la tour de Toulouse et nous assigne un code transpondeur.
La fréquence 118.100 passe du cadran "STBY" au cadran de la fréquence active.
On se reporte vertical E et le contrôleur nous autorise au transit et nous demande de reporter vertical EB.

Les axes de Blagnac se profilent au loin, et on peut entendre dans le casque la voix des pilotes de ligne. On arrive EB et je rappelle le contrôleur qui m'autorise à croiser les axes de la 32L et de la 32R, au nez et à la barbe d'un liner de chez Easy Jet.





"Easy XXX, trafic information, VFR aircraft over the field from right to left, report in sight. "

On croise les axes tranquillement, et l'Easy Jet est autorisé à décoller depuis la 32R.
Blagnac s'éloigne et le contrôleur nous autorise à quitter la fréquence après le point WA, qui signe la fin du transit.

Les nerfs se décrispent et le cœur ralentit. Le moteur tourne rond et les paramètres sont dans le vert.

"If something must go wrong, It will."


Installé paisiblement à 2500ft QNH, je contrôle mon cap et ma vitesse et contemple le paysage, qui se dénude petit à petit de son manteau blanc, je réussi encore à rêver comme un gosse...


Je sors péniblement de mon rêve, attiré par la réduction brutale du régime moteur, la main de mon instructeur tire la réchauffe et met en route la pompe électrique.
Il me regarde avec un sourire et je comprend directement qu'il s'agit d'une simulation de panne moteur.
J'affiche 145km/h, et je cherche un champ pour me poser. Virage à droite je m'aligne sur l'axe du champ et attend le signal pour remettre les gaz. Maintenant j'ai définitivement quitté mon état de léthargie. Plein gaz vers Auch.


La piste se profile à l'horizon et je m'annonce pour une reconnaissance verticale, le vent est quasiment inexistant, on choisira donc la 18 qui est la piste préférentielle, mon instructeur, me propose un exercice de PTE. On monte 2500 ft QNH et on débute l'exercice. j'affiche 150km/h et croise l'axe de piste vers la vent arrière et j'exécute toutes les procédures nécessaire pour la PTE.

Le plan à 6° est plutôt impressionnant et j'ai du mal à casser ma vitesse. Les roues touchent tant bien que mal la piste de Auch, tout le monde est sain et sauf. La PTE s'est bien passée. On remet les gaz et la rotation arrive vite. C'est partit pour les tours de piste. En cadeau la vidéo d'un approche sur Auch:




On s'arrêtera rapidement à Auch, juste le temps d'essayer les WC et de boire le café dans le restaurant réputé excellent de l'aérodrome qu'il est déjà l'heure de repartir vers LFCL car la nuit tombe.
Pour le retour, on fera un transit Sud dans la CTR de Toulouse, et en Anglais. La neige devient grise sous l'effet de la nuit et notre avion rentre petit à petit dans la pénombre, il est temps de rentrer.
On contacte le SIV pour transiter et une femme nous répond d'un anglais hésitant, et nous demande de rappeler à chaque points du transit.
Dernier point du transit sud et la fatigue se fait sentir, je lance un: "F-RK, vertical SL to quit the frequency". Va savoir qui des deux à l'anglais le plus hésitant...

LFCL est en auto-information, et on procède comme d'habitude, verticale terrain puis on intègre le circuit d'aérodrome. Toulouse a allumé ses lampes au sodium et une teinte orangée embellit la ville Rose.



Pour finir, je ne posterais que la vidéo de la finale sur la 34, et je vous dispenserais de mes vagues à l'âme dominicaux...
Et pour cause je suis en vacances, je ne retrouverais donc plus ma chaise de bois taguée avant 14 jours, et c'est tant mieux.




Cette semaine, je vais peut être sortir l'ULM avec le cousin, si la température augmente, car passer du DR-400 à l'ULM, c'est comme passer de l'avion à la chaise du lycée...

Espoir et désespoir.




"30 minutes sur les 3heures disponibles. 5 questions et une dissertation majeure à traiter. 4 questions de faites seulement.
L'espoir de la bonne note s'envole, tout comme les autres ce sont envolées. Aujourd'hui c'était Histoire/Géographie."

Ces quelques bribes de mots, recueillies à chaud après mon épreuve d'Histoire, sont les témoins mes vagues à l'âme.
La semaine le désespoir, le week-end l'espoir.

"Qu'ils en soient conscients ou non , les aviateurs volent toujours pour la splendeur des cieux."

Il est 20H31, depuis le temps, les cylindres du DR400 ont dû refroidir. Aujourd'hui, on a parcouru le ciel de Toulouse à Castelnaudary, en passant par Revel.

Le soleil jouait au jeu des lumières avec les nuages, gros et gris, teintant le cockpit tantôt de gris, tantôt de doré.
C'est juste pour ça que dans ta vie d'aviateur, tu sacrifieras tout ce que tu peux aimer. Juste pour émerveiller ton esprit d'un plaisir égoïste.
Certains ont tout perdu, y compris ce qui leur était le plus cher, juste pour ce plaisir: Voler!

Finale 29 LFMW, le traffic jaune canari qui nous précède, pose sur la piste sa trace de gomme et puis redécolle vers les cieux.
120 km/h, flaps full, on fait notre message radio. L'avion continu à descendre vers le plancher des vaches, l'arrondi et les pneus crissent sur le tarmac de Castelnaudary. Et puis plein gaz, comme si ta main, qui contrôle les gaz, contrôlait aussi ton plaisir égoïste. T'injectant alors à la façon d'un toxicomane des grosses doses de plaisir.

L'anglais qui nous accompagne sur ce vol, tiens le coup. Prenant des photos, pour oublier le fait qu'il est "Sick". Les sachets Egypt'air sont à porté de main.

"I have Controls and Communications, You have controls and communications"

La phrase du vol, celle ou pour prendre une photo, j'ai du donner les commandes à mon instructeur.
Son rictus, me montre que ma phrase est juste. C'est celle qu'il entend tout les jours au boulot, dans son simulateur A320.
Il a cette chance de se lever le matin pour monter dans un avion. Cette chance que je veux aller provoquer, soit en allant au Canada, soit en luttant pour avoir ma classe 1 en France. Une chose est sûre je l'aurai.

Il est 17H, en 29 minutes de vol, on est rentré de Castelnaudary, et le soleil croule sous le poids de la nuit.
Les explosions qui stimulent le moteur s'arrêtent, laissant juste percevoir le bruit de la pompe à dépression ( sûr ? ) . La verrière s'ouvre, laissant pénétrer le froid dans le cockpit, et marquant de ce fait la fin du vol et le retour de l'inexplicable sensation de la fin de vol, celle ou tu sais que demain tu auras le cul posé sur la chaise dure de ton lycée à écouter les autres débiter leurs lots de conneries monumentales.

Je ne fais plus rien, allant même jusqu'à sécher les cours.
Une amie à vue juste, en me disant que je ne pouvais pas toujours éviter ce que je n'aimais pas, et ce qui m'ennuyait. On va pousser jusqu'au bac. Le reussir avec succès et poursuivre sur la lancée.


Plus que 6 jours et 12H avant de s'aligner de nouveau sur la 34 de LFCL. Le temps va être long...