Retour sur le Tarmac


Plus de 8 heures par jour de bouquinage, d'équations différentielles qui retournent la tête, et saturent les neurones des plus brillants élèves.

J'ai essayé d'ingurgiter en 4 jours, le programme d'une année entière en Maths, Physique, et Science et vie de la Terre.
Seul le jour du 6 Juillet 2010, témoignera du succès ou de l'échec de ma méthode.

En attendant, et pour tout les jours désormais, ma vie sera remplie d'avions, et uniquement d'avions et ce jusqu'à que le destin en décide autrement. Avec ou sans le Bac.

La décision est prise, je ne remettrais plus jamais les pieds dans un lycée, peu importe ce qu'il peut se passer. Ma dernière année a été trop pénible, et ma déception est énorme quand je m'en repasse les souvenirs.

Fini les profs qui ne méritent pas d'enseigner, les dépressions dominicales, les pieds qui trainent, les chaises qui torturent le dos.

J'en avais parlé dans un billet datant de 3 ou 4 mois, et désormais le jour est venu de remplacer les feuilles blanches par les cartes Jepessen, les intégrales par les approches ILS, et les logarithmes par les circuits d'attente et l'ennui par le Bonheur.

Et ça, on commencera dès Dimanche après-midi, pour mon premier vol Post-Bac, vol d'une nouvelle ère. L'orage est passé, les dégâts sont là, mais le soleil aussi.

Direction la mecque des pilotes.


Rendez vous était donné le Dimanche à 15H00 avec mon instructeur.

On sort le Dr-400, sous la chaleur étouffante du Soleil, réduite par les quelques cumulus qui jalonnent le ciel Toulousain. La météo bien que clémente nous annonce quelques Cb's le long du trajet, mais rien de bien méchant.

Après avoir fait le plein, chargé les nombreux bagages, on fait ronronner le DR-400.
Aujourd'hui est un jour particulier puisque ce soir on ne reviendra pas sur Toulouse, et pour cause, ce soir on dormira à St-Yan, Mecque des pilotes, centre de formation des futur pilotes de ligne.

Pour le départ, j'ai pris la place de droite, une bonne façon de voir les principales différences qu'il peut exister entre la place gauche et la place droite. Les instruments ne tombent plus sous les yeux, et les repères sont vite perdus. Le seul avantage de cette place c'est qu'elle confère à son occupant, la force tyrannique de l'instructeur...



J'ai uniquement le rôle d'assistant sur ce vol, autant dire que pour une fois, je vais profiter pleinement de mon rôle de passager, de quoi faire de belles photos.

On s'aligne 34, pour une fois, je suis passif, profitant totalement de la vue qui m'est offerte, et notamment celle de Toulouse après le décollage.
On rentre les volets, on coupe la pompe et les phares. On quitte la fréquence de Lasbordes et on switche sur le SIV de Toulouse.

Autorisé presque directement pour le FL090, on arrêtera notre montée au FL070, et c'est déjà largement suffisant pour apprécier le paysage. Et puis au loin la masse des CB's est perceptible.

A notre gauche les averses orageuses sont clairement visibles, et je dois avouer que j'aime voir ce genre de phénomènes, élégant, puissant et terrifiant. On zigzague pour les éviter.

On finira notre ascension au FL105. J'ai donc dépucelé mon altimètre personnel en rajoutant plus de 5500 pieds. Encore loin du FL380, mais je commence à combler le retard.

Gaillac, Saint-Flour, Clermont... Les paysages changent vite et le grand soleil fait son retour. Petite expérience inédite aux alentours de Clermont, puisque nous avons été dans l'impossibilité de contacter l'approche, ce qui nous a obligé à descendre au plus près du relief pour éviter l'espace aérien...

La Terre redevient plate comme un planche, et St-Yan approche, étonnamment la fatigue est importante, ce qui est bizarre pour un vol de seulement deux heures. Quid de l'altitude. On à maintenant passé le Massif Central. Une bonne occasion de réviser ma géographie à l'approche du Bac.

Je suis spectateur pour l'atterrissage, et après un rapide reconnaissance on s'intègre en début de vent arrière de la 33R. La suite est banale, jusqu'au moment ou tu descends de l'avion.

La chose qui choque à St-Yan c'est l'infrastructure. Deux pistes, une rampe d'approche, un ILS, un équipement digne d'un aéroport international, et pour un village de 1141 habitants.

Ce voyage à St-Yan à été une bonne manière de voir ce que les gens appellent la "Voie royale de l'ENAC". En effet pendant 1 jour et une nuit, j'ai pu vivre dans les infrastructure du SEFA.

Je marche à la façon d'un bourricot, chargé de mes nombreux sacs, sous le soleil du Nord (sur le coup j'ai changé mon image grisâtre du Nord de la France). Et la je dois dire que tu t'émerveilles des infrastructures disponibles pour les élèves Pilote de Ligne.



Des chambres avec vue sur la piste, une salle de muscu, baby-foot, billards , vélos pour les balades, pelouses digne d'un green de golf, barbecues... La liste des divertissements disponibles serait trop grande à développer.
Le clou du spectacle étant bien sûr les simulateurs de vol, superbement beaux.

Tout ça dans un cadre pour le moins dépaysant puisque sitôt passé le portail du SEFA, on se retrouve dans la campagne du Nord avec les vaches mangeant de l'herbe en spottant les avions...

Je comprend désormais que les sélections au concours EPL soient si dures, mais le jeu en vaut la chandelle, croyez moi. Le rêve des études conduites sous le bruit ravageur d'un Baron qui décolle.



La nuit les EPL, peuvent s'endormir sous la bonne étoile de la manche à air éclairée....


Bienvenue à la Mecque des Pilotes.

Emotions


"-Courte finale 32R F-RK
- Autorisé atterrissage 32R vents..."

Je sors complétement les volets, et décélère à 115 km/h, je suis dans l'axe de la 32R à Toulouse Blagnac, planant à proximité de mon rêve de gosse: les avions de ligne.

Pas le temps de bader devant les monstres de métal, déjà l'heure de remettre les gaz et d'effectuer un virage par la droite pour rejoindre le point EA.

Pour la première fois, j'étais du bon côté de la barrière, la où j'ai toujours rêvé d'être.

J'en suis maintenant à plus de 45 heures, et les mécanismes du vol commencent à être profondément ancrés dans mon cerveau. Plus que les heures de solo et la formation touchera à sa fin. Ce sera aussi le temps ou il faudra penser à l'avenir, et notamment à l'exil vers le Canada.

Pour le futur, j'ai désormais deux options certaines, soit l'ENAC en formation AE, soit la Fac en cursus IMP.

Pour la première, je suis conscient des choses que ça peut m'apporter mais à 6000 euros l'année, je trouve dommage de ne pas dépenser cet argent à voler et à remplir le carnet bleu. De plus cette formation n'étant pas valable au Canada, je me pose la question de son utilité réelle. N'empêche que ce fut une bonne expérience, qui au delà de me faire plaisir, m'a montrée que la route était encore longue et semée d'embuches.

La seconde option, me semble tout aussi intéressante, mais ne touche absolument pas à l'avion, et ne m'apportera, pour le futur, que des éléments théoriques. J'ai également peur de retomber dans les travers de l'éducation nationale et de ses professeurs, là pour l'argent et nullement pour l'amour de ce qu'ils enseignent.

En attendant, et à défaut de trimer l'avion, je trime sur les épreuves du BAC, qui a, pour ma part bien commencé, puisque j'ai réussi mes épreuves expérimentales, signe que je ne sortirai pas à 0 du bac. Reste à confirmer aux écrits du 17 Juin. En espérant que ce soit un ENAC bis.

Je n'ai qu'une envie désormais, obtenir ce BAC, et signer pour une vie dans les avions, peut m'importe les galères qui m'attendent. Il est temps de mettre les gaz vers un monde meilleur que celui que l'on m'a proposé jusqu'à maintenant.

Pour finir, je voulais avoir une pensée pour Jacques Carpis, président de l'aéroclub " Jean Doudiès" de Castelnaudary. Une personne à qui j'avais peu parlé mais qui m'avait laissé l'impression d'une personne fort sympathique et au gros cœur. Jacques Carpis est décédé le 5 Juin 2010 dans un accident d'ULM.