Le temps d'écrire le chapitre 2

Assis à mon bureau, je contemple inlassablement les montagnes de code XML qui se pressent sur mon écran. Je "scrolle" la fenêtre comme pour mieux me rendre compte de la quantité de travail qui m'attend...

Ce n'est pas exactement ce que j'attendais de mon travail dans l'aéronautique, pas exactement ce dont je rêvais, pas exactement ce dont j'avais envie.
Aujourd'hui mes journées se résument à tracer des traits et taper du texte sur Powerpoint, en espérant que la situation critique que traversent les entreprises sous-traitantes se débloque, si elle se débloque...

6 Avril 2013, je monte dans le 737 de la WestJet, ma place se trouve au fond de l'appareil. Je traverse la cabine, et repère ma place et me glisse juste à côté du hublot.
Toujours ces mêmes sensations, ces même émotions lorsque la piste se met à défiler sous mes yeux le tout noyé dans le bruit sourd des deux ventilateurs qui nous permettront de voler.
Pourtant j'aurais aimé ne pas avoir à franchir cette porte d'avion, ne pas avoir à ressentir cette ultime émotion, car aujourd'hui, et aujourd'hui uniquement, elle était le marqueur de la fin du rêve, du dur retour à la réalité.
J'allais rentrer en France pour continuer à mettre de l'argent de côté, me faire un peu d'expérience "plan B", mais avec une seule et même promesse celle de revenir tâter la neige et les pistes Canadienne.

Alors non, tout n'a pas été facile au Canada, non je n'ai pas toujours eu le sourire.Le plus pénible que j'ai eu à endurer :passer d'une vie socialement riche à un désert de solitude en seulement 11h de vol. Dans ces moments difficiles, j'ai trouvé des personnes qui me sont chères aujourd'hui, des personnes qui m'ont aidé à rendre le quotidien plus facile à vivre. Elles sauront se reconnaître, ma pudeur émotionnelle me retenant de leur dire.
Cependant, pour la première fois dans ma courte expérience de pilote, je vivais ce dont j'avais toujours rêver de vivre: Se lever au son de la turbine PW qui passe sur le taxiway accolé à ma chambre, préparer son vol, et puis le chemin classique de l'élève pilote: briefing-vol-débriefing. J'avais l'impression que tout devenait possible ici...

Aujourd'hui, les choses ont bien changées, je me sens prêt à repartir à l'assaut des longues et larges plaines du Canada. Je suis rempli d'une furieuse envie de réussir et de m'en sortir ailleurs qu'en France.

Encore une fois, si le projet se ficelle correctement, il y aura des moments difficiles, des moments de remise en question. Ce que je redoute certainement le plus c'est de revivre la solitude des premiers jours, celle où nos seules relations avec ceux que nous aimons se résume à un amas de pixel sur un écran, mais n'est ce pas le prix à payer pour se retourner dans 30 ans, et se dire que "Merde, ça valait le coup..." ?


Je "scrolle" ma page jusqu'en bas, tape sur "Enter", gras, souligné, police en taille 16, et mes doigts glissent lentement pour écrire "Chapitre 2"...