De bord d'aile à bordel.


Mardi 7 septembre 2010, 7H l'oeil vif dans le frais qui envahit ma chambre. Le réveil me sort d'une douce, mais trop courte nuit.

Aujourd'hui, je vais rejoindre l'ENAC, et j'en meurs d'envie. Pour moi c'est comme changer de vie, passer d'un monomoteur à un bimoteur, traverser une couche sans la contourner. C'est comme l'excitation d'une première fois... Celle dont tu n'arrives pas à prendre conscience dans un présent immédiat, mais qui t'arrive à la figure dans les heures qui suivent.

L'ENAC, pour moi c'est le début d'un rêve, peu importe la formation que tu peux y suivre. C'est un lieu où tout le monde se rassemble autour d'un thème commun.
A 7H30 ça parle avion, à 17H30 ça parle avion et le temps qu'il reste, temps où les bouches s'assèchent de paroles, ça lit avion.

En parlant avion ma formation se poursuit tant bien que mal, j'ai fait 3H de solo en tours de piste, et fait ma première grande navigation (un LFCL-LFBZ), bien que très peu convaincant sur l'aller et le retour. C'est dans ces moments là que il faut rebondir et tenter de retomber sur ses pattes.

Je viens de passer le théorique du PPL, et j'attends désormais les résultats, non sans craintes, puisque n'ayant pas des masses révisé, je crains l'ajournement. Mais comme m'a dit l'instructeur: "Tu l'auras bien mérité". Paradoxalement, je suis de cet avis.
Mon corps amoureux, m'interdit les nuits blanches sur le simulateur, la lecture attentive du Cépaduès, et la bachotage sur Gligli. C'est un peu pour moi la voie royale de l'excuse, si jamais je franchi la dead-line des 75%.

J'ai également réussi avec succès, les deux visites médicales à l'occasion d'un voyage sur Paris. Je suis donc maintenant apte au pilotage à la fois au Canada et aux États-Unis. Des belles contrées en perspectives.
J'en suis désormais sûr, je hais Paris, non pas à cause des gens qui la compose, mais à cause de l'architecture: Le métro tortueux, sale et remplit de courants d'air, son atmosphère grisâtre, ses mouvements incessants...
Je ne suis clairement pas fait pour ce genre de ville.

Man Flex 45 SRS Runway A/THR blue
Paris Orly, 12H, avion qui relie Orly à Toulouse, le panneau silencieux m'annonce que l'embarquement est ouvert.
Après avoir passé les contrôles obligatoires de sécurité, je me trouve dans la passerelle d'embarquement. Mon coeur bat, mes mains tremblent, la file avance, j'arrive devant la chef de cabine.

"-Bonjour Monsieur, siège XX

Son sourire bien qu'éblouissant ne parvient pas à calmer mes tremblements.

"-Bonjour madame, je suis futur élève à l'ENAC et j'aurais voulu savoir si il était possible de voyager dans le poste."

La phrase est lancée, et maintenant il n'y a plus qu'a attendre, mes tremblements se calment et et je m'en vais rejoindre ma place.
Ma place est plus qu'inconfortable, car je me retrouve pris en sandwich entre une mobilophile, de celle qui appelle sa "Best Friend" pour lui dire que elle a trouvé un "top trop méga tendance" avec un "string ficelle" assorti à la couleur de ses mycoses, et un homme très calme, trop calme qui semble stressé. Le vol va être long.

Trois minutes s'écoulent, et au loin une hôtesse remonte l'allée:

"-Vous avez des papiers d'identité à montrer au Commandant ?

Mes tremblements reprennent, mes jambes deviennent molles,

"-Euh, oui je les ai dans ma valise,

- D'accord suivez moi "

Mes jambes molles soulèvent tant bien que mal mon embonpoint adipeux, et je peux voir en me levant que, devant la porte du cockpit, se dresse un homme en pantalon Bleu et en chemise avec gallons, j'affiche un sourire, remercie l'hôtesse dont le charme ne laisserait pas insensible une bonne majorité d'hommes. La porte du cockpit se referme derrière moi...

Merci messieurs les pilotes.