VFR over the top...

Dimanche 1er Janvier 2012, 0600z, mon Iphone me sort de mes rêves nocturnes, car maintenant il est temps d'aller faire ronronner le Lycoming de 160CV dans le froid et l'humidité matinale de Lasbordes.
Je saisis l'Iphone, coupant par la même occasion l'horrible réveil, mon doigt appuie sur l'icône " Aeroweather", et les METAR se chargent:

A la vue du message, il est évident que le décollage ne peut être entreprit dans ces conditions, on retardera donc le départ. Un occasion de me rendormir, histoire de gagner encore quelques heures de sommeil...

Cette année, j'avais décidé de voir la nouvelle année un peu différemment, en ne la fêtant pas réellement le soir ( A la vue du prix des restaurant et des soirées de la St Sylvestre, on est quasiment sur le prix d'une heure de vol sur DR400: Mon choix est fait), mais plutôt en la fêtant très tôt le matin, au FL115, avec un lever de soleil magnifique. Et bien on peut dire que c'est un échec, la météo n'est clairement pas de la partie.

Une partie de la matinée est passée à suivre l'évolution des METAR, et c'est sur les coups de 0930LT que la décision est prise de partir à l'aéroclub. Le METAR passe alors du FEW010, BKN016. Le soleil commence lui aussi son approche IFR, et il perce sur le terrain de Lasbordes. Les premiers rayons sont là...

Le café chaud glisse le long du gosier, et les logs de navigation prennent leurs formes définitives. Pour le lever de soleil, c'est raté, mais le vol s'annonce splendide: Départ de Toulouse, descente jusqu'à St-Girons, puis cap vers Perpignan, transit côtier, petite pause à Béziers, et retour sur le terrain de Lasbordes.

Encore une fois, le dossier météo est décortiqué scrupuleusement, et il apparait que le départ même si il est totalement VFR, s'annonce difficile.
Une autre branche pose problème, celle entre St-Girons et Perpignan. La TEMSI de 1200z, nous promet quelques nuages bas sur les premiers reliefs, ainsi qu'au alentours de Carcassonne. Il est pris alors comme décision de ne pas forcer le passage, et de se poser à St-Girons, si la météo est vraiment médiocre...

On réveille le DR-400, en lui caressant gentiment les purgeurs, puis il ouvre tranquillement son cockpit. Le soleil commence à illuminer le cockpit. La tablette, le stylo, les lunettes, le passager du jour, on place lentement l'équipement à bord...

La suite, on la connait tous. Le quart de démarreur qui lance le bourrin, une négociation de départ depuis la piste 16, les fameux "bonne année" à la radio, le sourire en coin, la piqûre de bonheur en double dose. Et puis, le 16 qui défile sous le train, et la portance qui fait parfaitement son travail pour nous amener dans les cieux...

On à prévu sur le départ, un transit sud, et comme prévu, les nuages commencent à caresser la dérive, mais pour l'instant rien de méchant, et le vol n'est pas compromis, surtout que la couche se fragmente de plus en plus. La fin du transit passée, on commence par demander une montée vers 5000ft, et vu le trafic intense qui règne en ce moment de la journée (ironie), la montée nous est accordée dans la foulée...
La montée nous permet de croiser quelques cumulus peu épais, et de vois un peu plus loin. Sur la mer c'est couvert, alors que les montagnes brillent de milles feux, avec la neige et le soleil. Je propose à mon passager de partir voir le Pic du Midi, en lieu et place de la mer... Choix plus qu'accepté et acceptable à la vue de la météo in situ... On prépare une nouvelle planification de vol, avec tout ce que cela nécessite: Fuel, caps, temps, dégagements, et surtout le niveau de vol...
La montée se terminera au FL090, qui ne pose aucun problème au contrôleur, malgré le fait que ce soit un niveau IFR...
Les montagnes se profilent à l'horizon et le souffle se fait court...

http://vimeo.com/34439240

Que dire à part que c'est beau...
On poursuit notre route vers l'ouest, et très rapidement le Pic du midi apparait au loin, la joie est là, et notre avion poursuit sa route au FL090. On passe avec le SIV de Pyrénées. On est autorisé à rester au FL090, et bientôt on demande à faire un 360° autour du Pic du midi. Chose qui nous est autorisé sans la moindre hésitation...
Puis c'est à nouveau un cap vers LFCL... Au loin la couche est soudée par secteur. Sur la fréquence, un Air France fait une approche à Pau, tandis que nous nous rapprochons de la limite de secteur.
"-F-KC, en sortie de secteur pour passer avec Toulouse info
-F-KC, la suite avec Toulouse info 121.25, et vous allez sur Lasbordes ?
-Affirm KC
-Vous passerez la bonne année au contrôleur de Lasbordes de la part de Benoit du SIV de Lourdes.
- Sans problème monsieur, la suite pour nous sur 21.25 avec Toulouse info, merci et encore bonne année F-KC"

Aujourd'hui je suis fier d'avoir pour la première fois, obtenu un travail aérien, puisque j'ai été le temps d'un vol, transporteur de voeux de bonne année...
N'étant pas rassasié par le pic du midi, on décide de se poser à Castelnaudary, une petite piste au sud de l'agglomération Toulousaine.
On croise le terrain de St-Girons au FL065, et la couche se soude petit à petit, pour laisser place à une mer blanche. Au loin cependant, la couche se fragmente...


http://vimeo.com/34439084


On flanque le terrain de Castelnaudary avec une radiale du VOR de Gaillac, et on demande une clearance pour une descente vers 3000 ft. Clearance donnée, on débute la descente, et au loin se profilent quelques trous dans les nuages. On réduit la vitesse, puis on traverse la couche très peu épaisse. Dessous c'est gris, humide, et sombre. On arrive 5 minutes après sur le terrain de Castelnaudary, qui est baigné dans l'humidité, et les nuages accrochent pour la reconnaissance. Vent plein travers pour 5-10kt, piste humide, et pas un chat. On déploie les plumes, et le DR400 se stabilise en finale 11, sur la très courte piste de 500 mètres... L'arrondi, puis le train qui rentre en contact avec le sol... On contrôle la vitesse, et on dégage pour rouler au parc...

Le temps d'un discussion sur le givrage et les conditions d'application de la réchauffe, et on remet en route le DR-400. On est bien seul sous la grisaille ambiante, alors qu'au loin, on peut voir les rayons qui percent le ciel.Décidément c'est un drôle de temps...
On met le nez vers Lasbordes, et bientôt la fusée nous apparaît, on s'intègre dans la circuit directement en base 34. Avant de rouler pour le parc, on transmet le message du contrôleur du SIV. Puis on ramène le DR400 vers son dortoir chaud...

 Ce billet à été écrit  le 16 Janvier 2012, alors que mon départ pour le Canada approche à grand pas, et que le stress commence lentement à monter. Un stress à la fois agréable, et désagréable...
Un drôle de stress, un peu comme le temps lors de ce vol...