Premier vol solo.


La verrière se ferme sur un: "Amuse toi bien".

Petit coup d'œil dans l'avion, je suis seul.

"-F-RK, DR-400 à la pompe pour des tours de piste, pour info c'est un solo.
- F-RK roule point d'arrêt 16, rappelez prêt."

Je lâche les freins et le DR-400 s'élance sur le taxiway. Je me remémore les actions à effectuer. Le point d'arrêt est là.

"F-RK point d'arrêt 16, on est prêt au départ
-F-RK alignez vous 16, autorisé décollage 16, les vents..."

Je regarde une dernière fois la finale, aligne le nez du DR-400 avec la centerline, et pousse la manette des gaz.
Paramètres normaux, badin actif, pas d'alarme, 100 km/h, rotation.

Le train principal quitte le sol.


P.S: Merci pour la photo "El rey".

Enac chapter 2: Rejected Take off.


Mes yeux sont lourds, j'ai mal dormi depuis le début de la semaine et pour cause, j'ai été cool toute l'année, mais la en une semaine j'ai pris ma dose de stress annuelle.

J'ai sorti la chemise, la ceinture et le jean. Autant dire que ça change du sweat et du jean troué que j'utilise pour aller au lycée.

7H45, je retrouve l'enceinte de l'ENAC . J'ai rendez-vous dans le bâtiment Hymans, un truc plutôt immense, remplit de bureaux, avec des gens qui s'affairent sur leurs PC, la tête courbée au dessus du clavier.
Je reconnais au loin, mes amis de l'écrit, ceux avec qui j'avais commencé à discuté de choses et d'autres sans jamais finir faute de temps. On se retrouve et recommence à discuter, une bonne entente. Pour la première fois de ma jeune existence, je commence à me sentir bien en groupe.

Mon heure à sonné, j'entre dans la salle, 3 examinateurs, dont un Anglais. On débute sur la question du cursus et des motivations. Je leurs explique mon cas, et notamment mon histoire pour la classe 1, ainsi que mon envie de partir au Canada. J'enchaine avec mon PPL, et mon premier solo.

J'ai jamais été très démonstratif, et mon speech tourne court. Il est l'heure de passer au questions, et notamment à celles en Anglais.
Un echec total. La pression est telle que je bafouille totalement mon anglais. Résultats, l'examinateur me colle un insuffisant.

Maintenant, il ne reste plus qu'a attendre mes résultats, mais je suis sans grand espoir.

(Source image: Wikivisual)

Nouveau décollage

Je marche à pas cadencés dans la fraicheur matinale, l'heure tourne, et je vais être en retard en Maths.
Les écouteurs font fonctionner à merveille mes nerfs auditifs.

Je repense au vol de dimanche. Toujours les mêmes actions, les mêmes sensations. J'ai besoin de cette piqûre de bonheur, c'est elle qui conditionne ma vie de jeune, ma vie future.

Après mon cours d'arithmétique modulaire, j'attrape mon téléphone et compose le numéro de mon testeur pour le premier vol solo.
Une voix rauque se fait entendre, et je me présente timidement. En moins de 5 minutes, je viens d'apprendre que mon "First Solo flight" se tiendra, surement, la semaine prochaine.
Un premier line-up sur la 34 tout seul, une première mise en puissance tout seul, un premier vol tout seul. Entre joie et crainte.

La semaine prochaine va être chargée, que ce soit en stress ou en épreuves importantes de la vie.
Tout d'abord, les épreuves du bac commencent avec les travaux pratiques, puis les oraux de l'ENAC, qui clôtureront le concours AE 2010 (Occasion d'un pot avec mes amis d'Aeronet? ), et enfin le premier vol solo. Une bonne grosse semaine en perspective.

J'ai décidé de faire le tri dans ma vie, je jette ceux qui ne méritent pas mon attention, mes amours fanés, mes amis devenus ennemies.
Je me rends compte de plus en plus du côté superficiel de la vie. Les valeurs humaines se perdent dans les dédales de la société nouvelle.

Je regrette le passé, passé dans lequel je me noyais dans les jeux vidéo, jouant jusqu'à pas d'heure.
Metal Gear Solid, Resident Evil, Silent Hill, ils ont bercé mon enfance. J'étais naïf, croyant que la monde adulte c'était identique à ce que la Playstation me donnait à manger. L'Homme était un acteur de l'humanité, il veillait à sa survie.

Le monde dans lequel je me prépare à rentrer est totalement différent. L'Homme ne semble plus s'intéresser à ce qui l'entoure, vivant pour soi-même...

J-1

Les jours ont passé, je n'avais pas l'inspiration nécessaire pour finir de rédiger l'article que j'avais commencé.

Ce week-end a été riche en émotions et en rebondissements.
Samedi, le soleil est au rendez-vous, et je me trouve une place en pax dans un DR400. Je vais pouvoir enfin tester mon jouet: Une caméra HD.
Je m'installe tant bien que mal à bord, bloque le pied de la caméra avec mes jambes, et commence à enregistrer.
Le résultat est surprenant, les images sont belles et bien colorés, malgré un soleil dur. Un seul bémol, le format des enregistrement vraiment à ch*** pour les montages. Je vais essayer de trouver une solution, mais mon cerveau est très occupé en ce moment.

De retour du vol, je croise le superviseur de mon instructeur, qui, entre deux discutions, me lance qu'il est disponible toute la semaine pour mon premier vol solo. Ni une, ni deux, je programme mon vol pour le mardi 24 Mai à 15H. Un jour qui ne sera définitivement pas comme les autres.

En attendant impatiemment les oraux de l'ENAC, je continue à bosser mon BAC,et mes notions sur le pilotage, et j'ai trouvé pour cela la méthode infaillible. Une seule et même vidéo: La méthode

Si avec ça je ne garde pas l'envie de devenir pilote, alors ma vie est finie. Malgré le fait que la vidéo soit une daube musicale, elle est si belle que mon envie d'être pilote est décuplée par 10 quand je la vois. Ses formes généreuses et magnifiques, ainsi que son galbe si particulier, font qu'elle porte bien son nom de "Queen of the sky".
Ben quoi?! On vit aviation jusqu'au bout.

A l'heure ou je publierai cet article, le décompte sera d'environ H-24. Wait and see.


Waiting for the next step.

Je l'ai pris pour une simple épreuve contre moi même. Celle qui me permettrait de montrer ce que je sais faire de mon esprit, de mes ressources, de mes mains.

Je veux arrêter de me masturber l'intellect en groupe, dans ce système infâme.

Le premier des centaines de pas qu'il me reste à parcourir, vient d'être réalisé avec succès.

Le début du rêve

6H du matin, à l'image du blogueur LJ35, l'application "Sleep Cycle" me réveille. J'émerge de mon lit 20 bonnes minutes après. Je regarde rapidement la météo, et dehors ça frise: 7°C.
Je regarde rapidement le forum d'Aeronet, pour m'amuser des trolls, et regarder les news postées par les quelques rares insomniaques de toute la France.

J'ai également reçu un message d'un de mes contacts:

"Les résultats sont tombés aujourd'hui. Admissible pour moi. Tiens moi au courant on se verra p-e a toulouse. bon courage bye"


Ni une, ni deux, je cours chercher le papier qui contient le mot de passe dans le tiroir du bureau, qui contient les certificats médicaux, les assurances, et tout ce qui permet un "safe flight".

Ouverture de " Mozilla le Renard de feu", je tape ENAC, et me connecte au site. J'entre les identifiants, en gras mon nom, prénom et un seul mot:

ADMISSIBLE

Certains me tacleront surement en disant que ce n'est que AE, que ce n'est pas EPL, que c'était facile. Peu m'importe, ce que je vois c'est surtout le début d'une victoire contre moi-même. Ce moi même qui n'en fait qu'a sa tête, refusant l'apprentissage imposé par le système. Cette même tête qui apprécie la sensation d'un rotation, d'une turbulence qui lui écrase le centre de commande sur la boite crânienne.

D'ailleurs en parlant de turbulence et de rotation, bientôt la fin du calvaire, j'ai les pieds cloués au sol depuis trop longtemps.
Je veux retrouver mon instructeur, mes procédures, mes erreurs, mes cafés, remplir mon carnet de vol, mes ventes de tapis, mes atterrissages vent de travers, mes calculs hasardeux.

La suite du programme s'annonce chargée, le 15 mai, je devrai reprendre la route du ciel, bien décidé à fournir un travail exemplaire, le 26Mai, les oraux ENAC (Anglais et Français) décideront de mon avenir dans cette école. Le 28 Mai j'aurai les épreuves de TP du Bac. Et enfin 15 jours plus tard, j'espère que je serai à la hauteur pour signer la fin du calvaire, la libération suprême.

Le retour de mon aponie et de mon ataraxie. Celle que j'ai toujours attendue et qui n'est jamais venue que par morceaux: Le samedi et le dimanche à bord d'un avion.




Et si...


... Je n'obtenais pas le BAC.


Il n'a pas été dans mes options celle de sortir de cette année sans le bac.
Malgré tout, on ne cesse d'y penser: Que faire si cette année je ne suis pas un bachelier comme les autres ?


Loin de moi, l'idée de dramatiser l'échec, j'ai souvent été constant dans l'échec, relevant la tête sous les coups de butoir de mes chers professeurs.

Les contraintes opérationnelles ne sont pas d'actualité uniquement dans le cockpit. Le 100% de réussite de l'an dernier contraint le microcosme dans lequel j'évolue plus de 12H par jour, à un stress permanent: Celui de placer ses élèves au plus au niveau, sur le dernier barreau de l'échelle.

J'ai toujours préféré travailler tout seul, loin du bruit, de l'ambiance bruyante de la classe, qui boit le doux élixir que nous propose le professeur. C'est un choix, un esprit de vie, a "way of life". Je suis donc entrain de subir les rouages d'un système mal pensé, qui ne laisse pas de place à l'autodidaxie. On m'oblige à aller en cours sous peine de sanctions, on me place 10H sur une chaise, chaise ou je "dégueule" l'élixir de connaissance.

Non pas que le système scolaire soit inintéressant: J'aime les équations du mouvement, les équations différentielles, les exponentielles, les logarithmes.
Ce système est juste mal pensé, il y a comme une erreur de conception, une erreur dans le code originel.
Qu'on laisse donc une place à l'autodidaxie.

Certains me dirons volontairement, que je n'ai qu'a quitter le système si je ne suis pas satisfait. Il est certain que si je le pouvais, j'aurais depuis longtemps choisi ma voie.
Cependant, il convient de se poser la question de la suite de ma vie, que faire si l'on sort de l'unique système qui nous est proposé ? Travailler seul certes, mais avec quelle récompense, quelle porte ouverte lorsque l'on présentera le CV ?

Le système Français agit de telle manière que l'on classifie les Hommes depuis leurs naissances: Les meilleurs en Prépa, le reste à la Fac ou au chômage.

Est-il cependant judicieux de penser l'intelligence selon une appartenance à une filière spécifique ? L'Homme pauvre de la FAC, n'a t-il finalement pas plus de ressources que l'Homme de la Prépa.
L'ouverture de certains concours à des fillières spécifiques montre que si. Que se passerait-il si un Homme de la pauvre FAC se retrouvait major de sa promo à l'X ? Joyeux bordel.

A-t-on déjà pensé aux élèves qui n'étaient pas adaptés au système, non par envie mais par un mode de fonctionnement radicalement différent.
Je fais peut-être partit de ceux-là, qui n'ont pas besoin de l'Homme entre le livre et le cerveau pour comprendre une notion.

Il existe cinq mots pour me caractériser: Critérium, Cahiers, expérience, relationnel, et plaisir de découvrir.

Les deux premiers sont les outils de l'apprentissage, j'écris au critérium, j'aime mon critérium, celui qui pose sur les feuilles vierges de mon cahier, les idées les plus farfelues, les équations de maths et de physique, et parfois un dessin.

L'expérience est une des facettes de la connaissance, sans l'expérience, les notions purement théoriques finissent par disparaitre au fin fond des méandres du cerveau.

Le relationnel est pour moi une partie liée intimement à la connaissance, j'aime discuter Avionic, courant alternatif, philosophie, univers sur les bases d'un Stephen Hawking. A contrario je hais les gens dont les propos se confère essentiellement aux choses d'actualité, aux choses débitées par les médias.
Mes amis font partit des gens qui voient au delà de ça, qui voient dans l'apprentissage, et peu importe le type d'apprentissage, une notion de plaisir, celle du plaisir d'apprendre. Malheureusement mes amis sont rares, rares comme la notion de plaisir que nous donne l'éducation nationale.


En ce qui concerne mon échec au BAC, ce n'est pas une option je n'y ai donc pas posé la moindre once de réflexion. Plus que un mois et le verdict tombera. Mais cela ne me fera ni chaud ni froid, car ce diplôme aura un goût d'autant plus foireux qu'il a été obtenu dans un système foireux...