Parce que la France oublie...


Il ne faut jamais oublié ce qui a fait qu'aujourd'hui nous somme ici...

Cet après-midi, mon grand-père m'a amené à Gabaudet, lieu où l'atrocité des SS de la division "Das Reich" avait parlée.

Il ne reste sur le site que quelques débris d'une grange, quelques pierres entassées ci et là. Rien qui ne peut charger le lieu d'émotion quand on passe devant.

Lui, mon grand-père, ancien résistant, à vécu Gabaudet à l'époque où la grange était le lieu de réunion des résistants.

Aujourd'hui, il m'a raconté l'histoire de cette grange: les 300 résistants, les amis, et puis les SS, les panzers, les coups de feu, sa fuite à travers les bois sous les rafales des mitraillettes, la grange en flamme.
Les balles qui sifflent, parfois qui mettent à terre ses amis, devant ses yeux, lui qui court, court pour échapper à la déportation, lui qui aide les résistants touchés.
Il retrace l'histoire du lieu, avec la voix emplit d'émotion, oubliant sa "patte folle", comme il l'appelle, pour aller rendre hommage à ses compagnons morts à Gabaudet, morts au combat, morts pour un avenir meilleur, morts pour la France, morts pour nous.

Aujourd'hui, mon rêve à moi c'est de pousser la manette d'un 747, lui il avait pour rêve de revoir sa famille, et de vivre dans un monde sans guerre. Rêves opposées.

C'est ces moments là qui nous montrent que le monde d'aujourd'hui est bien trop égoïste, monde où l'on oublie trop vite ce qui fait qu'aujourd'hui nous sommes là. Ce soir, j'ai l'impression d'avoir été égoïste, pendant toutes ces années.
Je suis si fier de lui, d'EUX, de ce qui sont morts pour nous. Il faut maintenant qu'il soit fiers de nous.

Merci mes héros

PS: La photo est une photo de la grange de Gabaudet

Ouchh le décrochage ...


La leçon que j'attendais tant est enfin arrivée ...

Cette leçon c'est celle sur le décrochage avec différentes configurations...

Début de la leçon à 17H00, visite prévol, briefing avec les actions à effectuer pour la leçon ...
Aujourd'hui les rafales sont fortes, puisque sur l'ATIS de LFCL on annonce des rafales jusqu'à 18kt.

Les clefs sur le contact, la batterie sur "On", les strobes sur "On", puis une pression sur le bouton du démarreur. Les deux pales se mettent à brasser l'air.
Je commence à lâcher les freins et le DR400 s'élance dans la fraicheur Toulousaine, un virage à gauche, un virage à droite, puis c'est le dernier arrêt avant de prendre son envol ...

Une voix masculine m'autorise à m'aligner, ce que j'effectue sur le champ. Puis cette même voix me rappelle quelques instants plus tard, pour m'annoncer que je suis autorisé au décollage sur la 34...

Plein gaz, la piste défile sous nos pieds, les 100Km/h approche et on tire doucement sur le manche, direction les cieux...

En l'air ça bouge pas mal, et le maintien de l'altitude est difficile, celui de la vitesse aussi.
On sort sur DN, direction le secteur Est.
En montée vers 3000 pieds lentement mais surement, mon instructeur me rappelle les quelques notions vues au Briefing et puis on commence l'exercice...

Quelle sensation bizarre que celle de décrocher, et puis comment parler du piqué qui le suit visant à regagner de la portance...
En quelques mots ce n'est que du bonheur. Bonheur qui nécessite quelques concessions mais qui sont largement récompensées.

Après plus de 30 minutes de vol, on rentre sur Toulouse, alors que la fraicheur se fait de plus en plus sentir.
Le soleil se couche alors que nous sommes en finale sur la 34.
Les roues touchent le sol, l'avion décélère et on prend la bretelle Charlie sur notre droite. Le taxi est juste assez long pour parler de notre vol.

C'est fou ce que l'avion peut permettre de se relaxer. Venir à l'aéroclub c'est prendre une grande bouffée d'air après une dure journée de cours...

J'espère juste que plus tard j'aurais ma dose de bouffées d'air tout au long de la journée au FL340 ...

Navigation ou l'épreuve de force...


J'ai eu le plaisir d'assister assis tranquillement sur une chaise, puis à l'arrière d'un DR400 à une navigation entre LFCL et LFCG.

J'ai pu assister à la bataille féroce entre un pilote armé de sa règle graduée en NM, de sa carte 1/500 000 ème, de son critérium, face à un dossier météo prédisant une journée grise, avec plafond bas, et pluie aux alentours.
Les méninges fumants, les yeux posé sur ses points de passage, le crayon notant les estimées... Tel est le rituel du pilote privé...

Autant dire que cette partie de la formation me parait la plus compliquée puisqu'elle fait appel à de nombreuses facultés que je n'ai pas forcément, comme le calcul mental par exemple ...

Le départ matinal sur la piste 34 de Lasbordes laisse entrevoir une bien belle journée, ces journée qui ressemble à celle des pilotes de ligne...
Celles ou on part sous la grisaille et où on rencontre l'astre brillant qui embellit nos journée...

Le vol en tant que passager me permet d'apprécier le paysage, chose que je ne fais pas forcément lors des vols d'instruction...
Cartes sur les genoux, je m'efforce de repérer les points de passages: DS, Auterive, la lèze...

Les nuages remontent, laissant apparaitre Mr Soleil, alors qu'au loin se dessinent les Pyrénées.

Saint-Girons approche, le soleil est maintenant le seigneur du ciel, vertical terrain, on se faufile entre les monts des Pyrénées et on parvient à trouver le Tarmac de la 34, avec au passage un beau Kiss de notre pilote du jour dont je tairai le nom.

C'est maintenant à moi de prendre le siège de pilote, au programme de ce court vol, les effets de la pente sur la vitesse ascensionnelle.
Grande première pour moi aussi, avec ma première fois à la radio, sur Auto-Info.
Le rituel est le même que d'habitude avec pour seul changement le décor dans lequel notre DR400 évolue...

Décollage en 34, montée et puis virage à gauche, vers les montagnes.
Le paysage est somptueux, les effets de la pente surprenants, le vol magique.
Pas le temps de vraiment tout apprécier, que déjà la piste 34 est de nouveau là, à travers la verrière, se rapprochant à grands pas.
Les roues touchent le tarmac, l'avion décelère, on rentre les volets, place le commutateur de la pompe sur Off.
Taxi vers le park, puis on coupe le moteur...

Le retour sera aussi une navigation effectuée par le pilote de l'aller.
Le soleil baigne le cockpit, les nuages ont presque disparus, laissant apparaitre un horizon bleu ...

C'est fou comme l'avion à une capacité à transformer une journée maussade en bien belle journée...

Winnipeg se rapproche ...


Je viens tout juste de quitter l' A321 siglé AirFrance, en provenance de Paris Orly, avec dans ma tête l'espoir de devenir pilote de ligne...

Hier matin départ de Toulouse à 8H45, sur un Airbus A320, pour moi le stress présent est bien différent de celui des passagers habituels car j'ai pour intention de monter dans le cockpit.
La passerelle d'embarquement est collée à l'avion, je m'avance, les lumières blanches défilent et enfin j'entrevois l'entrée de l'avion, les hôtesses.
J'entre, répond au "Bonjour" du steward et me lance dans ma question, la voix hésitante...

"Est-il possible de monter avec le commandant de Bord ?"
"Je vais lui demander et je vous le dirais "

Malheureusement, il ne me le dira jamais...

L'avion roule sur les taxiways de Blagnac, s'aligne sur la piste et les réacteurs se mettent a délivrer la poussée, celle qui vous colle au siège, celle qui m'a donné des frissons, celle qui constitue en quelque sorte ma raison de vivre ...

L'avion s'arrache du sol, nous fait visiter les cieux, et nous redescend sur Orly en traversant la couche nuageuse qui déverse ses larmes sur le tarmac de Paris...

Les roues touchent le sol, les spoilers se déploient, les "Thrust reverser" se font entendre, et la décélération se fait sentir.
L'avion arrive à la porte les passagers descendent, je descend dans les derniers, passe devant le cockpit dans lequel le CdB s'affaire avec son FO.

Juste le temps pour moi de manger, de rejoindre ma chambre d'hôtel, que déjà se profile la visite médicale pour piloter au Canada.
J'arrive à 14H30, passe à 15H30. La batterie de test est plutôt succincte quand on a l'habitude de la classe 1 Française.

Je passe les test les uns après les autres, et mise à part quelques problèmes sur les petites lettres permettant de mesurer l'acuité visuelle, rien de bien grave ...
Le docteur me dit même: " Vos yeux fonctionne bien, et il ne devrait pas il y avoir de problèmes pour la TAC 1 ( équivalent de la classe 1 en France)"

Je touche enfin du doigt, se que je rêve de faire depuis longtemps: piloter...

Le soir alors que je me retrouve seul dans ma chambre d'hôtel dans le quartier Malakoff de Paris, j'expérimente pour la première fois, le sentiment de solitude et d'ennui...
C'est une des choses qui me fait le plus peur.
Celle de se retrouver seul, avec comme seul partenaire, l'image 2D de la télé, vous abreuvant le cerveau d'images et de sons.

Lendemain matin départ de Paris, à 8H50.
J'embarque à 8H25, et prévois le même rituel qu'a l'aller, celui de demander une place, ne serait-ce que debout dans le cockpit.
Je m'avance, les lumières blanches défilent, j'entrevois le steward, lui pose la même question chose à laquelle il me répond : "Avez vous une raison quelconque pour vouloir voyager avec le CdB ?"
Je lui explique rapidement mon cas: ma visite médicale, mes heures de vol, mon envie...

L'homme sympathique me répond, en prenant dans ces doigts la carte d'embarquement pour consulter ma place au cas où le CdB serait prêt à m'accepter:

"Je vais lui demander de suite, et je vous tiens au courant, mais sachez que vous avez une chance sur dix"
Je lui fais un grand sourire et m'en vais m'assoir à ma place.

Lui non plus ne viendra jamais...

Quelle sensation magnifique celle de la poussée que produise les réacteurs sur l'avion au décollage.
Celle des pilotes doit encore être meilleure, c'est eux qui contrôle ces bêtes pleines de puissance, qui ne demandent qu'a pousser les tonnes métalliques de la carlingue ...

J'ai toujours cette image dans la tête de l'avion qui s'aligne sur la piste, le copilote une main sur le side stick, une autre sur la manette des gaz, qu'il pousse jusqu'au cran ultime du TOGA.
Mon rêve est la, pathétique pour certains, fort pour moi ...

L'avion éventre les nuages, va dire bonjour au soleil et redescend déjà sur Toulouse. Le temps est magnifique, et l'atterrissage se fait sur la 14L.
L'avion regagne la porte, et les passagers descendent.
Au bout du mono couloir se tiennent debout, le CdB et le Steward, je passe devant eux, avec une envie de leurs dire qu'il ont une chance terrible, celle de pour voir piloter et voler tout les jours...
Je ne le dirais pas.

Le steward me dit un Au revoir, et me lance un regard plein de sens pour moi, ce regard qui vous dit qu'il est vraiment désolé de ne pas m'avoir ouvert la porte du cockpit...
Mais peut-être n'était-ce que simple utopie...
J'aperçois une dernière fois le cockpit, et son "Coveted Left Seat", et puis je quitte l'avion...

Je retourne au lycée en attendant de retrouver mon "Coveted left Seat", de tenir la manette des gaz que je pousserai jusqu'au cran TOGA aligné sur la piste de Winnipeg INTL