Rain showers


Au loin, quelques averses forment de larges et grands rideaux blancs, dressant devant nos yeux un spectacle magnifique, dont seule Madame Nature à la secret.

Aujourd'hui, nous allons à Cahors, la météo est plus que bonne depuis le début puisque nous avons un plafond à 4500 ft AGL au départ de Toulouse. Nous savions également que la météo allait très vite se dégrader en allant vers le nord, puisque l'occlusion avançait lentement mais surement vers nous. L'avion vole vers les cieux gris, impassible,puissant. Bientôt quelques gouttes s’écrasent sur la verrière, et les nuages commencent à venir jouer avec la carcasse de bois et de toile.
Nous avions les minimas pour continuer le vol, à savoir que nous volions en classe G.
Bientôt la piste de Cahors apparaît au loin, et la météo bien que bonne pour voler à fait déserter la fréquence à tout le monde.Les nuages nous emprisonnent  à 1900 ft QNH, soit l'altitude du tour de piste, ce qui nous oblige à faire une reconnaissance à la même altitude que celle du tour de piste.


On s'intègre début de vent arrière 31 pour une arrivée opérationnelle, et puis on répète inlassablement les même geste, les même mots, les même checklists. La pompe électrique est placée sur ON, permettant de suppléer la pompe mécanique en cas de faiblesse de cette dernière, la pression dans le circuit est bonne. On retardera la mise de la réchauffe, ainsi que la sortie des volets, pour gagner du temps, tout en jouant la carte de la sécurité. Le passage en base est coordonné avec une réduction de la puissance, et donc de la mise en action de la réchauffe pour éviter le givrage du carburateur. On commence à aller chercher un plan de descente optimal pour notre approche finale.
La piste est maintenant dans mes 2 heures, clairement identifiée, je briefe une dernière fois mon passager sur la vitesse d'approche, et la procédure en cas de remise des gaz, puis on tourne en finale, tout en se concentrant sur le fameux "Axe-Plan". On s'active alors à résorber la vitesse de notre avion, de façon à passer dans l'arc blanc, nous permettant alors de sortir les volets sur la position maximale. La vitesse, le plan et l'axe sont là bien avant les 400 ft AGL. Nous poursuivons donc sur notre finale, devant la piste nous ouvre grand son enrobé, et bientôt les roues touchent un sol mouillé par d'incessantes averses.
Volet 1, réchauffe sur OFF, et gaz sur FULL, les 160 chevaux recommencent à s'activer devant pour nous arracher de la terre. Les 100km/h sont vites atteints, et alors que je soulage doucement la roulette de nez, le train principal s'arrache lentement du sol.

Virage au 180 à l'issue de notre remise de gaz, direction la maison, dans des conditions bien meilleures que celles que nous avions à Cahors.

C'est ce genre de vol qui me fait encore croire à des jours meilleurs, jours durant lesquels j'arracherai mon corps de la terre ferme, traversant les gouttes, les nuages, pour aller retrouver le soleil, le tout assis sur le "Coveted Left Seat". Je ne me lasserai jamais de voler, et c'est encore aujourd'hui un monde dans lequel je n'ai rien trouvé à regretter, si ce n'est le nombre de concessions qu'il faut être prêt à faire pour s'en sortir.

Les concessions sont parfois terribles, et continue de faire mal même 1 an après. Elle était celle avec qui j'ai essayé de traverser des cieux orageux, celle avec qui j'ai failli trouver un autre sens à ma vie, celle avec qui j'aimais être après une journée difficile, une fille bien en quelque sorte. J'ai essayé de préservé notre intégrité malgré les turbulences, la pluie. Le plus dur aujourd'hui c'est de te dire que cette fille, elle n'avait rien compris à ce que tu avais pu être auparavant, ce que tu étais aujourd'hui, et ce que tu avais envie de devenir, ce qui te motivais à te lever chaque matin.
Aujourd'hui mon sourire n'est que façade, car "les gens qui tirent la gueule c'est chiant", mais c'est au final la chose la plus difficile que j'ai à faire tous les jours...

"Ton ex, ça fait depuis février qu'elle est avec un mec de sa promo".
Tu sautes dans un avion, décolles, et tu pars à la chasse aux nuages, pour tenter d'oublier cette douleur, et trouver le vrai sens de ta vie...