La 120ème heure...


Hier j'ai eu l'occasion de faire basculer la pendule, à l'occasion d'un vol dans les Pyrénées. Et il faut dire que le soleil et la bonne humeur étaient de la partie.

Le DR400 cavale sur les taxiways de Lasbordes, sous un soleil de feu, heureusement, ils ont pensé à installer un gros ventilateur, qui s’appelle l'hélice.
A bord, les passagers dont c'est le premier vol, sont heureux, les lunettes de soleil sur le nez. On s'aligne sur la fameuse piste 34, et je pousse la manette noire. Le moteur rugit avec peine dans la terrible chaleur. Le badin est actif, on tire sur le manche, et la carcasse s'envole avec peine vers le ciel bleu.

Les cultures laissent peu à peu place à un monde vallonné, et vert. On arrive lentement dans les Pyrénées, et malheureusement pour nous, le temps se gâte, et les nuages accrochent les montagnes. Le plaisir reste quant à lui, intact. On visite le château au sud de Lavelanet, d'une façon un peu particulière, et visiblement, nous ne sommes pas les seuls. Le trafic en ce vendredi après-midi, est très dense, et nous croisons pas moins de 8 trafics.

On remonte par le nord des Pyrénées, direction Saint-Girons, où la aussi, le trafic est dense, et on parvient à distinguer plusieurs planeurs, qui décollent et se posent...
On s'intègre dans le circuit, pour un atterrissage complet, la réduction des gaz en base, 150 km/h, on sort les volets, et on tourne en finale.
La particularité du terrain de Saint-Girons, c'est sa base rapprochée, qui en configuration nord à dû en piéger plus d'un. L'avion décélère, et se stabilise sur le plan et l'axe. On pose. Les passagers peuvent souffler.

Malgré le temps maussade, les planeurs sont de la parties, et il est toujours impressionnant de les voir décoller au treuil, avec la fameuse montée à 45°...
Pas le temps cependant de rêvasser, et nous voilà reparti vers Toulouse. Le temps pour les passagers de m'avouer que les premiers nautiques dans les airs étaient quelques peu stressant, de par la nouveauté de la chose.

On s'aligne sur la 34, et on décolle pour un retour aussi rapide que possible sur LFCL, lors du transit sud, j'assiste, ébahit à une scène de ménage sur la fréquence de Toulouse Info. Un pilote voulant aller faire des décrochage en classe D, pour profiter de la protection, se voit refusé l'accès, il rétorque alors que ce n'est pas grave, et remercie la contrôleuse sur un ton quelque peu ironique, qui s'en excuse. Visiblement les deux se connaissaient. Un troisième pilote, qui ne donne ni son immatriculation, ni son nom, interpelle le pilote, et dit mots pour mots: "Avec elle t'es pas aidé, et il faut pas s'attendre à plus..."
Le ton, ainsi que la phrase, sont d'un irrespect total, et notre aviation n'a pas besoin de ça, surtout en ce moment.

Je demande par la suite, un direct depuis SB, qui m'est accordé, puis je passe avec Lasbordes, et je demande une semi-directe pour la 34. Cette dernière m'est accordée, et je fais rugir le bourrin jusqu'en dernier virage.
En finale, je passe légèrement sous le plan, 3 rouges, et deux blanches, la vitesse s'affaisse, et je sors les volets, 120 km/h. Les roues touchent le sol, et on dégage par la bretelle C.

Les passagers sont heureux, et moi aussi.
Peut être est-ce dû au retour du soleil ?

Le monde de l'aérien.


Voila maintenant plus d'un mois que je suis rentré dans le monde de l'aérien. Je suis certes rentré par la petite porte, mais certaines petites portes mènent aux grandes portes.

J'essaye au maximum de me protéger, de conserver ma santé, car il faut savoir que le travail des gens de la rampe, est particulièrement éprouvant. En effet, il n'existe pas une seule minute, ou il n'y a pas une APU, un brake fan, qui fait du bruit. J'ai vraiment peur de la suite, et notamment pour les oreilles...
Le manque de sommeil est aussi une sensation nouvelle pour moi, les réveils à 3H45 sont nouveaux et je dois avouer que ça change de la petite vie d'étudiant bonnet d'âne.

Mon métier, consiste actuellement à être responsable de la zone avion, en quelques mots, je dois coordonner tout les services qui permettent de près ou de loin, à un avion de partir à l'heure, c'est à dire les embarquements passagers, les bagages, la mécanique éventuelles, et bien sûr le fuel. Je suis aussi en charge des LMC (Changement de dernière minute).

On peut désormais dire que ma vie est 100% consacrée à l'aéronautique, la journée je travaille sur le tarmac de blagnac, et dès que je quitte les chaussures de sécurité, je saute dans ma vieille carlingue pour m'envoyer en l'air, ou si le temps ne le permet pas, je me jette corps et âme dans une séance de simulateur, en IFR conventionnel.

Maintenant, il est temps pour moi de faire mes preuves, de montrer, si un jour j'y accède, que le "Coveted Left Seat", je l'aurai mérité. Il est une chose qui est sûre, c'est que les heures que tu fais, quand tu sais d'où tu as sorti l'argent, et bien elles ont une saveur toute particulière...