Winnipeg se rapproche ...


Je viens tout juste de quitter l' A321 siglé AirFrance, en provenance de Paris Orly, avec dans ma tête l'espoir de devenir pilote de ligne...

Hier matin départ de Toulouse à 8H45, sur un Airbus A320, pour moi le stress présent est bien différent de celui des passagers habituels car j'ai pour intention de monter dans le cockpit.
La passerelle d'embarquement est collée à l'avion, je m'avance, les lumières blanches défilent et enfin j'entrevois l'entrée de l'avion, les hôtesses.
J'entre, répond au "Bonjour" du steward et me lance dans ma question, la voix hésitante...

"Est-il possible de monter avec le commandant de Bord ?"
"Je vais lui demander et je vous le dirais "

Malheureusement, il ne me le dira jamais...

L'avion roule sur les taxiways de Blagnac, s'aligne sur la piste et les réacteurs se mettent a délivrer la poussée, celle qui vous colle au siège, celle qui m'a donné des frissons, celle qui constitue en quelque sorte ma raison de vivre ...

L'avion s'arrache du sol, nous fait visiter les cieux, et nous redescend sur Orly en traversant la couche nuageuse qui déverse ses larmes sur le tarmac de Paris...

Les roues touchent le sol, les spoilers se déploient, les "Thrust reverser" se font entendre, et la décélération se fait sentir.
L'avion arrive à la porte les passagers descendent, je descend dans les derniers, passe devant le cockpit dans lequel le CdB s'affaire avec son FO.

Juste le temps pour moi de manger, de rejoindre ma chambre d'hôtel, que déjà se profile la visite médicale pour piloter au Canada.
J'arrive à 14H30, passe à 15H30. La batterie de test est plutôt succincte quand on a l'habitude de la classe 1 Française.

Je passe les test les uns après les autres, et mise à part quelques problèmes sur les petites lettres permettant de mesurer l'acuité visuelle, rien de bien grave ...
Le docteur me dit même: " Vos yeux fonctionne bien, et il ne devrait pas il y avoir de problèmes pour la TAC 1 ( équivalent de la classe 1 en France)"

Je touche enfin du doigt, se que je rêve de faire depuis longtemps: piloter...

Le soir alors que je me retrouve seul dans ma chambre d'hôtel dans le quartier Malakoff de Paris, j'expérimente pour la première fois, le sentiment de solitude et d'ennui...
C'est une des choses qui me fait le plus peur.
Celle de se retrouver seul, avec comme seul partenaire, l'image 2D de la télé, vous abreuvant le cerveau d'images et de sons.

Lendemain matin départ de Paris, à 8H50.
J'embarque à 8H25, et prévois le même rituel qu'a l'aller, celui de demander une place, ne serait-ce que debout dans le cockpit.
Je m'avance, les lumières blanches défilent, j'entrevois le steward, lui pose la même question chose à laquelle il me répond : "Avez vous une raison quelconque pour vouloir voyager avec le CdB ?"
Je lui explique rapidement mon cas: ma visite médicale, mes heures de vol, mon envie...

L'homme sympathique me répond, en prenant dans ces doigts la carte d'embarquement pour consulter ma place au cas où le CdB serait prêt à m'accepter:

"Je vais lui demander de suite, et je vous tiens au courant, mais sachez que vous avez une chance sur dix"
Je lui fais un grand sourire et m'en vais m'assoir à ma place.

Lui non plus ne viendra jamais...

Quelle sensation magnifique celle de la poussée que produise les réacteurs sur l'avion au décollage.
Celle des pilotes doit encore être meilleure, c'est eux qui contrôle ces bêtes pleines de puissance, qui ne demandent qu'a pousser les tonnes métalliques de la carlingue ...

J'ai toujours cette image dans la tête de l'avion qui s'aligne sur la piste, le copilote une main sur le side stick, une autre sur la manette des gaz, qu'il pousse jusqu'au cran ultime du TOGA.
Mon rêve est la, pathétique pour certains, fort pour moi ...

L'avion éventre les nuages, va dire bonjour au soleil et redescend déjà sur Toulouse. Le temps est magnifique, et l'atterrissage se fait sur la 14L.
L'avion regagne la porte, et les passagers descendent.
Au bout du mono couloir se tiennent debout, le CdB et le Steward, je passe devant eux, avec une envie de leurs dire qu'il ont une chance terrible, celle de pour voir piloter et voler tout les jours...
Je ne le dirais pas.

Le steward me dit un Au revoir, et me lance un regard plein de sens pour moi, ce regard qui vous dit qu'il est vraiment désolé de ne pas m'avoir ouvert la porte du cockpit...
Mais peut-être n'était-ce que simple utopie...
J'aperçois une dernière fois le cockpit, et son "Coveted Left Seat", et puis je quitte l'avion...

Je retourne au lycée en attendant de retrouver mon "Coveted left Seat", de tenir la manette des gaz que je pousserai jusqu'au cran TOGA aligné sur la piste de Winnipeg INTL

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