Je suis rentré du Canada, avec des souvenirs plein la tête, à la fois emplis de tristesse, mais également de joie, d'images de paysages magnifiques...
8 Mars 2012, le grand jour est là, ma valise est avalée par le tapis à bagages de l'aéroport de Toulouse Blagnac. Le coeur se serre, et après un dernier aurevoir, je franchis le point de non retour, direction le Canada.
Après plus de 7 heures de vol, l'airbus A340 pose ses roues sur le sol glacé de Toronto, et déjà, la mise en ambiance est là, puisqu'il neige...
Pas le temps de se reposer, je cours en traînant ma valise, le longs des couloirs de Toronto. Juste à temps pour mon dernier vol vers Winnipeg...
Atterrissage à 21H locale à Winnipeg, et premiers pas à l'extérieur: Vent, neige et froid, mes nouveaux compagnons de vie...
Arnaud, un instructeur, Français de Winnipeg, m'attendait pour me conduire à l'école...
Une nouvelle vie à Harv's Air:
Après quelques courses rapides dans un magasin de Winnipeg, j'arrive à l'école. Premières impressions agréables puisque l'endroit où je dors est composé de 9 chambres séparés, et d'un living-room commun.
Je prends possession de ma chambre, et après un court repas Subway en compagnie d'Arnaud et de Marc, défait mon sac. Je fais mon lit, m'allonge au calme. Première nuit sur un autre continent...
Le matin, le contraste est saisissant. Le paysage qui s'offre à moi en ouvrant la fenêtre est magnifique:
Le froid, et un horizon qui semble infini... C'est vraiment ça le Canada. Ma chambre donne sur le taxiway de la piste 18/36, et mon réveil se fait au son des turbines et des pistons qui déchirent le silence du froid matin. La photo ci-dessus est prise à 5H00, lors de mon premier réveil.
Ma première semaine Canadienne sera réservée à la conversion de ma licence PPL. Au programme pour moi beaucoup de "hood", autrement dit vol avec la casquette VSV. Pour me mettre en conformité, j'ai du faire 5H de "hood". Au programme du VSV: manoeuvres basiques, navigation au VOR, et au GPS.
J'ai eu, pour mon plus grand bonheur, l'occasion de faire une approche RNAV/GNSS 18, et une approche NDB 31 avec MVL pour la 18. Le tout en VFR, et sous la casquette. Y'a comme une odeur d'IFR, et je dois avouer que ça me plait beaucoup...
A la fin de la première semaine, mon PPL est converti, et ma licence Canadienne est en route. J'attaque le "night rating".
La encore, la magie s'opère. C'est aussi à ce moment là qu'on voit la différence avec la France. La nuit, au Canada, beaucoup de terrains sont allumés, ou allumables avec le PCL. Pas de préavis à déposer. La vraie liberté.
Grand moment également, celui où nous visitons le centre-ville de Winnipeg à
2500 ft, de nuit, et sans restrictions, sinon celle de faire attention à un autre avion qui fait la même que nous... Essayez donc de demander une verticale Bordeaux, ou Toulouse de nuit à 2500ft...
Malheureusement pour moi, ma formation de vol de nuit va tourner court, notamment à cause d'un contenu de formation qui me déplaisait. Depuis peu l'école faisait faire à ses élèves des tours de piste pour les 5H de solo supervisés. 5H de tours de piste, ça en était trop pour moi, j'ai donc décidé de mettre un terme au night rating, que je continue ici en France, non sans regrets...
J'ai pu lors de mon voyage découvrir un groupe de Français, expatriés, et heureux de l'être. Dans ce lot là, il y a mon instructeur, Arnaud, mais aussi une autre personne sans qui, le voyage aurait été bien plus pénible: Alex, qui m'a permis de sortir, et surtout de découvrir le Canada. Je lui en doit une. J'ai un respect énorme pour ces Français expatriés, notamment car, maintenant, je connais la difficulté morale d'être loin de ceux qu'on aime...
Winnipeg, ressemble à ce que nous, européens, sommes habitués à voir en France. De larges avenues, des fast-food, des magasins ouvert H24, et des buildings... Chose impressionnante aussi, les 4*4, qui en imposent: Grosses roues, et grosse cylindrée. Parfois ça sent un peu les USA dans cette ville...
Il me reste dans la
tête certaines navigations mémorables, comme ma première navigation solo, où
accompagné par Alex, nous avons décidé de nous rendre dans l'Ontario, province
jouxtant celle du Manitoba. Mon réveil me sort de la léthargie nocturne et
après ma douche, j'enfile un pantalon, ma veste NorthFace, et mes gants. Ce
jour là, les conditions étaient plus que bonnes: Pas de vent, et pas de nuages
à l'horizon. Je me dirige vers l'école.
A l'école, l'avion est déjà
les ailes dans le vent, et sous le soleil. Reste à préparer le vol, et
là ce n'est pas une mince affaire, puisqu'il faut clairement tout réapprendre
dans le sens où, les outils français de préparations des vols sont inutilisable
ici au Canada. Extraction de la GFA (Graphical Forecast Area) temsi sauce Canadienne, METAR, TAF, NOTAMS, calculs des perfos, et du
fuel, et pour finir on centre l'avion. La case "Defects/Snags" est
vide. Tout est ok, on est donc apte au départ.
Le moteur Continental
ronronne sous le soleil Canadien, et on attaque le roulage vers la 18. Aujourd'hui le programme est chargé puisque nous
décollons pour plus de 3h de vol, à destination de Kenora, terrain situé dans
l'Ontario.
Dans un second temps nous irons vers Sioux Narrow, un petit
terrain en herbe. Pour finir ce sera touché sur Nestor Fall et retour à la base
Harv's Air sur le terrain de St-Andrews.
"IIK,
wind xxx°/xx kt, runway 18, clear for take off. Right turn on course, not above
2500 ft until advised by Winnipeg Terminal."
On met les gaz, et le sol commence à défiler, je tire
fermement sur le manche, et les ailes du 172 arrache la masse du sol. Après
quelques secondes, virage à droite sur la trajectoire publiée, et on amorce une
montée vers 7000ft. Bientôt, le contrôleur nous transfère avec
Winnipeg Terminal.
La suite de la navigation est semblable à ce qui peut se
faire en France, à la différence près qu'au Canada, le GPS est un outil très
apprécié, et utilisé par les pilotes.
On pose successivement sur Kenora, puis on survole Sioux
Narrow, avant de toucher sur Nestor Fall. Trois terrains en 20 minutes de vol.
On est bien au Canada.
Le retour sur Saint-Andrews intervient après 3H00 de vol, et
mon corps n'en peut plus. Première grande navigation, et je dois avouer que
c'est assez épuisant.
Malheureusement pour moi, ces moments de grand bonheur
alternent avec un sentiment effroyable de solitude. Les proches à la webcam, ne
suffisent plus à combler les interminables journées lorsque la météo décide de
faire des siennes. La barrière de la
langue, est surtout le fait que mes collègues de "dormitory" , et
moi, ne soyons pas au cœur d'une promotion, n'aident pas à partager de bon
moment.
Mon seul médicament lorsque les journées sont longues,
Dexter et ses innombrables saisons, et les pages jaunissantes d'un thriller.
Encore une fois j'ai eu la chance de tomber sur Alex, qui m'a de nombreuses
fois sorti du lit lorsque le temps était long...
Au final, mes objectifs sont remplis beaucoup plus vite que
prévu, et je décide précocement de rejoindre la France, non seulement car je
n'ai plus rien à faire au Canada, mais également, car les journée de glandage,
que ce soit au lit ou dans les rues de Winnipeg, vident le compte en banque
inutilement. Mon retour se fera au bout d'un mois, au lieu des deux mois prévu.
Encore une fois, le compte en banque, m'empêche d'attaquer
une formation CPL, ou instrument.
La dernière semaine de mon mois au Canada, est de loin la
plus riche que j'ai pu avoir. Un ami venu de France m'a rendu visite, et nous
nous retrouvons dans un motel de Winnipeg, non loin du centre ville, avec une
voiture de location. L'occasion pour moi d'aller visiter un peu mieux le
downtown, et ses larges avenues. Les
soirées glandages laissent subitement place à des soirées agréables autour
d'une bonne bière. Cette semaine passe
beaucoup plus vite que prévu. Les
journées" visites" sont ponctuées par de larges sorties en vol,
l'occasion pour moi de refaire les vols que j'ai pu faire en formation, et
ainsi faire découvrir à mon ami, une
nouvelle vision du Canada.
7 Avril 2012, ma ceinture est attachée, le copilote descend
avec fermeté l'ensemble des items de la check-list atterrissage. Je contemple
silencieusement le balais des mains dans le cockpit du A340, plongé dans le
noir en cette heure matinale. L'oiseau volant ne tarde pas à se défaire des
épais nuages qui couvrent Paris, et le commandant de bord, qui est PF sur le
vol, reprend les commandes pour atterrir en manuel. Le bruit des reverses déchire le silence de
Paris CDG...
Welcome back in France.
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