Comme dans un rêve...


Les passagers montent dans la cabine, ou je les attends patiemment.

Dehors la pluie tombe et le froid est vif, mais qu'importe dans mon B747, on est chauffé. Je regagne le cockpit où le copilote s'affaire au dernier préparatif du vol.Les lampes au sodium de l'aéroport de DeGaulle plongent le cockpit dans un noir profond dont seul la Dome light peut nous sortir. Drôle d'ambiance.

Le vol programmé aujourd'hui nous amènera de Paris à Boston. On remontera le long de l'Irlande, jusqu'à Cork puis on traversera la longue étendue bleue sur une des multiples NAT disponibles.

Les gouttes de pluies s'écrasent sur l'épais pare-brise de l'avion et on perçoit à travers ce dernier les hommes s'affairant autour de l'énorme masse métallique, dont je suis le seul garant. Je remplis mon FMC, et j'égrène ma C/L comme j'ai pu l'apprendre tout au long de ma vie de pilote. Mon copilote ne daigne pas sortir un seul son de sa bouche et effectue son travail comme un automate, automate infaillible.

Après plusieurs minutes de préparation, le chef de cabine ouvre la porte épaisse du cockpit et me dit que tout est prêt en cabine. De mon côté, j'en profite pour dire au sol que nous serons bientôt prêt à repousser.
"DeGaulle Prévol" nous donne un clairance de départ puis nous autorise à repousser. J'allume les beacon, je switche sur la page STAT, et mon EFIS me montre que l'APU fonctionne correctement, la porte roulante s'est désormais retirée et la lourde masse du B747 s'ébranle sur le tarmac. On y est.

Mon copilote s'occupera de la séquence de démarrage des 4 moteurs du 747-400, je ne ferais que superviser les opérations et puis je finirais de préparer les derniers éléments nécessaire au taxi.

La main de mon coéquipier se pose sur les fuel switches et les placent sur "on" puis, il tire les start switches qui s'illuminent en blanc. Les graphs sur l'ECAM s'agitent, comme d'habitude. Les 4 moteurs tournent rond.

Je passe avec "DeGaulle sol" qui m'autorise à rouler vers la piste 27L. On allume les feux de taxi, et je pousse lentement la manette des gaz, de façon à donner vie à ce monstre métallique.

On passe en revu les derniers détails importants avant le décollage, car pas question d'avoir oublié une quelconque chose durant la course au décollage. Autobrakes sur RTO, flaps sur 10, packs sur off. Enfin le point d'arrêt de la 27L se profile devant nous, et il me reste juste assez de temps pour locker la porte du flightdeck et de mettre les "seatbelts et smoking signs" sur on . J'arme le F/D et l'A/T.

La "dome light" laisse peu à peu place à la lumière brune tamisée des cockpit de chez Boeing. Landing lights, strobes puis on s'aligne sur la 27L.
La pluie s'écrase toujours sur le pare-brise. Je pose ma main sur la large manette des gaz commandant les 4 moteurs.

Je vérifie une dernière fois que le mode TOGA est bien actif puis je pousse lentement la manette des gaz. Mon dos tremble, et la centerline de la piste commence à s'effacer... Un son inhabituel parvient à mes oreilles, une sorte de bip violent. Plus de son, plus d'image si ce n'est ce bip aiguë et désagréable.

Chambre à peine baignée par la lumière de la rue, je viens de me réveiller, je suis passé du B747 au lit douillet. Il est 6h05, et on est Mardi matin. Et dans deux petites heures c'est physique-chimie... Bien loin du coveted left Seat d'un Jumbo jet.

Décidément les rêves sont bien plus puissants que ce que l'on peut croire. J'attends juste patiemment le jour où le rêve se combinera à la réalité, et où j'aurais l'occasion de pouvoir écrire un récit semblable à celui la sans avoir l'étranger sensation de mentir ...

PS: Ne faites pas attention aux slats déployés sur la photo. J'avais juste sortit le 747 pour les besoins d'une photo ...

3 commentaires:

  1. Hé bin... Ca te travaille ! :-)

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  2. Plus que ça je pense que je meurs. Je me lève avion, je passe ma journée avion, je m'endors avion ^^.
    Bon j'essaye de partager ma vie avec quelques filles aussi, mais pas facile^^.

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